"L'UMP ne doit pas s'interdire d'analyser le mandat de Nicolas Sarkozy"

Par Propos recueillis par Jean-Christophe Chanut  |   |  556  mots
Hervé Mariton, député UMP de la Drôme, Copyright Reuters
Le député UMP de la Drôme, Hervé Mariton, l'un des spécialistes des finances publiques du parti, refuse, pour l'instant, d'apporter son soutien à l'un ou l'autre des deux candidats à la présidence de l'UMP, Jean-François Copé et François Fillon. Il fera son choix après avoir pris connaissance des idées et programmes des deux postulants, notamment sur les questions économiques. Hervé Mariton leur demande davantage de clarté dans leurs positions

La Tribune. Concrètement, qu'attendez vous des deux candidats à la présidence de l'UMP ?

- Hervé Mariton. Le temps de la chasse aux parrainages à l'intérieur du parti est terminé. Nous avons deux candidats de qualité. Mais, maintenant, j'attends de leur part des engagements sur l'organisation et la mobilisation de l'UMP. J'attends de savoir quelle sera, selon eux, l'UMP de demain. Et dans l'immédiat, j'attends d'eux qu'ils fixent la stratégie de l'UMP face à la majorité. Faut-il cogner sans distinction car nous sommes dans la première mi-temps du quinquennat ,ce qui nous laisse le temps d'affiner nos propositions pour la deuxième mi-temps, ou bien alors faut-il immédiatement se situer dans une opposition plus constructive ? Ces deux attitudes ont leurs avantages et leurs défauts qui méritent débat. Globalement, je veux de la clarté pour le parti. Par exemple, je vais bientôt défendre une proposition de loi sur la constitutionnalisation de la liberté d'entreprendre. On verra bien si les deux candidats la soutiennent.

Vous qui êtes un spécialiste des finances publiques, qu'attendez vous des candidats sur ce terrain ?
- Il faut, je pense, être clair sur le mot  "rigueur" que nous avons employé avec pudeur quand nous étions au pouvoir. Il s'agit, maintenant, de préciser ce que nous entendons par "rigueur". De même, s'agissant de l'objectif de ramener le déficit à 3% du PIB en 2013, on voit bien que le débat monte sur le délai pour atteindre ces 3%, ainsi que sur son mode de calcul [ doit-il s'agir, en fait, du déficit structurel ? NDLR]. L'UMP doit se saisir de ce débat et exposer sa position aux Français. Nous ne devons pas non plus nous interdire de réfléchir sur le mandat précédent. Il ne s'agit pas de se livrer à un droit d'inventaire sur le bilan de Nicolas Sarkozy, mais nous devons analyser la pertinence de la politique menée. Avec un quinquennat qui a commencé par des baisses d'impôts pour finir, à l'inverse, par des augmentations.

Quelques propositions ont été tout de même émises, François Fillon veut supprimer définitivement les 35 heures, évoque les disparition des départements alors que Jean-François Copé continue de défendre la TVA sociale...

- Sur la TVA sociale, il y a un accord quasi unanime au sein de l'UMP. Quant à la suppression de l'échelon départemental dans le millefeuille français, Jean-François Copé l'a également proposé. Sur les 35 heures, je dis attention. Non pas sur l'objectif, qui est défendable, mais sur la tactique. Nous n'avons pas remis en cause les 35 heures durant les dix années où nous étions au pouvoir. Alors nous risquons maintenant de ne plus être très crédibles sur cette question.


En revanche, il y aune relative discrétion de l'UMP sur ce que l'on appelle le "choc de compétitivité" ou sur la ratification du traité européen...
- C'est exact. Encore une fois il faut de la clarté. Le débat économique est très atone au sein de l'actuelle majorité, c'est donc à l'opposition de proposer des choses. Sur le Traité européen, l'UMP doit discuter de la gouvernance de la zone euro et en accepter la dimension fédérale. Or, jusqu'ici, aucun de deux candidats ne l'a accepté explicitement.