Si le marché du travail m'était conté...

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  587  mots
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Alors que les dernières statistiques du chômage - qui seront mauvaises - vont être publiées ce mercredi 26 septembre, l'Insee a réalisé une photographie du marché du travail en 2011. On y apprend que le secteur tertiaire continue sa progression et que la durée habituelle hebdomadaire du travail atteint 41 heures pour un temps complet. Il se confirme aussi que le nombre de cadres s'accroît et que, si les seniors sont plus nombreux sur le marché du travail... ils sont aussi davantage frappés par le chômage.

Ce mercredi 26 septembre, à 18 heures, le ministère du Travail communiquera les dernières statistiques sur le nombre des demandeurs d'emploi concernant le mois d'août. Pas d'heureuse surprise à attendre, pour le 16e mois consécutif, la courbe du chômage sera à la hausse. Et, symbole redoutable, la barre des trois millions de chômeurs en métropole va être franchie. Connaissant l'impact de cette annonce sur les esprits, le ministre du Travail Michel Sapin s'est employé depuis plusieurs semaines à déminer le terrain en rappelant que ce cap des 3 millions de chômeurs est déjà dépassé si l'on inclut l'outre-mer...
En attendant, comme il le fait régulièrement, l'Insee a réalisé une "photographie du marché du travail"* qui permet de comprendre les grandes tendances de la population active. L'étude, qui porte sur 2011, est intéressante. Elle montre en effet à quel point les choses évoluent vite sur le front de l'emploi et du chômage. Globalement, l'année dernière, 25,8 millions de personnes avaient un travail et 2,6 millions étaient au chômage au sens du Bureau International du Travail  (soit... 200.000 de moins qu'à la fin du premier semestre 2012). Sur dix personnes qui travaillaient, on comptait un non salarié, cinq ouvriers ou employés, et quatre cadres ou professions intermédiaires.

L'emploi salarié, 88,4% de l'emploi total et surtout dans le tertiaire

5,1% des salariés se déclaraient en situation de sous-emploi (temps partiel subi), notamment parmi les jeunes, les employés et les femmes. Dans le détail, les emplois salariés constituent 88,4% des emplois en France. Par rapport à 2005, le groupe socioprofessionnel des cadres s'est agrandi (+1,7 point, représentant 15,7% de la population active salariée), alors que celui des ouvriers se réduisait (-1,3% à 13,8% pour les ouvriers qualifiés et -1,1 point à 7,3% pour les ouvriers non qualifiés).
Sans surprise, l'emploi dans le secteur tertiaire est ultra dominant. En 2011, 75,8% des personnes ayant un emploi (salarié ou non) travaillaient dans le tertiaire, contre 13,9% dans l'industrie, 7% dans la construction et 2,9% dans l'agriculture.

Pour un temps complet, la durée hebdomadaire de travail atteint 41 heures

L'Institut de la statistique fournit également des données intéressantes sur la nature du contrat de travail. Ainsi, 86,5% des salariés sont sous contrat à durée indéterminée, alors que le CDD concernent 9,5% de la population, l'intérim 2,4% et l'apprentissage 1,6%.
Plus d'une personne en emploi sur six travaille à temps partiel. Les femmes sont quatre fois plus souvent dans cette situation (30,1%) que les hommes (6,9%). Et les personnes à temps partiel travaillent en moyenne 23 heures dans une semaine normale. Pour les salariés à temps complet, le temps de travail hebdomadaire habituel (c'est-à-dire en ne tenant pas compte des périodes de congés ou de RTT) s'élevait à... 41 heures. Largement plus, donc, que les 35 heures légales qui ne constituent qu'un seuil de déclenchement pour les "heures sup".

Davantage de plus de 50 ans au travail... et au chômage

Last but not least, l'Insee souligne les importantes évolutions en cours dans la tranche d'âge des 50-64 ans. Ces actifs seniors sont 970.000 de plus par rapport à 2005. Il faut, bien sûr, voir là les effets du recul de l'âge de la retraite ainsi que les conséquences des différents plans pour les maintenir dans l'emploi. Résultat, la part des plus de 50 ans parmi les 15-64 ans est passée de 27,7% en 2005 à 30,4% en 2011. Mais, parallèlement, le chômage des 55-64 ans progresse nettement sous l'effet de la crise depuis 2008, passant de 4,6% à 6,5%.

> Voir : Insee Première, N°1415 septembre 2012