La BPI, une solution gagnante ?

Par Fabien Piliu  |   |  610  mots
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La banque publique d'investissement (BPI) sera officiellement présentée en conseil des ministres le 17 octobre. Annoncée en janvier, cette proposition du candidat François Hollande n'avait pas déclenché l'enthousiasme des experts, ces derniers estimant que la France était déjà largement dotée en structures publiques dédiées au financement des entreprises. Une banque de ce type existe en Allemagne depuis 1948. Une autre devrait bientôt voir le jour au Royaume-Uni.

Lorsque le candidat François Hollande expliqua en janvier qu?il lancerait une banque publique d?investissement (BPI) s?il était élu à la présidence de la république, il ne déclencha pas vraiment l?enthousiasme. Seule Ségolène Royal soutenait cette proposition. Pour cause, cette idée étant la sienne. En octobre 2011, le Conseil régional de Poitou-Charentes qu?elle préside avait annoncé la création d'une banque régionale d'investissement pour les PME. Ségolène Royal proposait ensuite d?étendre son action à l?ensemble du territoire.

Peu d?experts considéraient alors cette initiative comme pouvant être une solution aux problèmes de financement des entreprises. Des problèmes aggravés par la crise qui a conduit les banques à être plus sélectives et qui a détourné les entreprises du marché boursier. Il est vrai que sur ce plan, la France était déjà bien dotée en structures publiques, avec Oseo, le Fonds stratégique d?investissement (FSI), FSI Régions, CDC Entreprises? Pourtant, l?Elysée s?en inspira très largement. Nicolas Sarkozy, qui n?était pas encore candidat à sa succession à l?Elysée, lança quelques semaines plus tard Oseo Industrie dont les objectifs ressemblent peu ou prou à ceux dévolus à la prochaine BPI.

La BPI allemande existe depuis 1948

Car la BPI n?est pas un ovni. Une telle structure existe en Allemagne, pays largement cité en exemple dans le domaine économique. Outre-Rhin, les PME et les ETI qui composent le Mittlestand peuvent compter sur la Kreditanstalt für Wiederaufbau (KfW), la banque publique d'investissement allemande. Bénéficiant de garanties de l'Etat fédéral, elle est aujourd'hui  le troisième plus important émetteur de crédit du pays. La KfW est « condamnée à croître », a d'ailleurs récemment déclaré son patron Ulrich Schröder, en évoquant la difficulté des entreprises à emprunter auprès des autres établissements bancaires qui réduisent leurs actifs pour se conformer à aux règles prudentielles Bâle 3. Comme la BPI espère le faire avec l?aide de l?exécutif et des Régions, la KfW joue également un rôle dans la stratégie économique du gouvernement allemand. Un rôle inscrit dans son patrimoine génétique. Créée en 1948, elle a permis de financer la reconstruction de l'économie allemande avec pour capital initial, les fonds du Plan Marshall, soit 1,4 milliard de dollars au cours de l?époque. Ainsi, la KfW accompagnera au cours des prochaines années le virage énergétique de l'Allemagne qui renoncera à la production d?énergie nucléaire d'ici 2022. La banque publique prévoit de mettre à disposition plus de 100 milliards d'euros dans les cinq prochaines années pour développer les énergies renouvelables dans le pays.

L'idée a séduit outre-Manche

Outre-Manche, les exemples allemand et français sont source d?inspiration. A tel point que le gouvernement britannique a récemment annoncé la création prochaine d'une structure semblable. Quand on connaît le peu d?appétences des anglo-saxons pour l?intervention publique dans le domaine économiques, cette initiative est une véritable révolution. « Le secteur bancaire ne fonctionne pas pour des pans de l'économie britannique. Les prêts aux petites entreprises sont actuellement en contraction et nous pensons qu'une intervention pourrait aider. Le gouvernement a un rôle à jouer en soutenant les investissements de long-terme dans la recherche, en étant derrière nos ?success-stories?. Le pur ?laissez-faire? n'est la bonne façon de faire les choses », avait déclaré mardi Vince Cable, le ministre du Commerce sur la radio BBC lors d'un discours devant des chefs d'entreprises.