Dépassements d'honoraires : l'étude qui tombe à pic

Par Fabien Piliu  |   |  489  mots
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A la veille de l'ultime négociation entre les syndicats de médecins, les mutuelles et l'Assurance-maladie pour trouver un terrain d'entente sur les dépassements d'honoraires, l'association UFC-Que choisir dévoile une cartographie des déserts médicaux créés par ces dépassements. Edifiant.

Selon une étude présentée mardi par l'UFC-Que Choisir, la moitié des Français réside actuellement dans des «déserts médicaux» où il devient très difficile d'accéder à un gynécologue ou un ophtalmologiste ne pratiquant pas de dépassements d'honoraires.

Trouver un médecin en mois de 45 minutes est un exploit

Cette étude dresse une cartographie des «déserts médicaux» où la densité médicale est inférieure de 60% à la moyenne nationale et où il est impossible de trouver un médecin libéral respectant le tarif remboursé par la Sécurité sociale à moins de 30 ou 45 minutes pour quatre spécialités de médecine de ville: la médecine générale, la pédiatrie, l'ophtalmologie et la gynécologie.

Ces cartes montrent que 54% des Français souffrent de cette "fracture sanitaire" pour la gynécologie, 45% pour l'ophtalmologie et 22% pour la pédiatrie. La situation est bien moins alarmante pour la médecine générale avec 6% des Français concernés par ces graves difficultés d'accès -une médecine générale qui prend de plus en plus en charge les actes de gynécologie ou de pédiatrie.

Pour voir un pédiatre, le délai moyen est de 18 jours

L'UFC-Que choisir a également mesuré les délais d'attente pour avoir un rendez-vous auprès de 536 spécialistes sur tout le territoire. Il faut actuellement 18 jours d'attente en moyenne pour voir un pédiatre, 40 jours pour consulter un gynécologue et 133 jours pour un rendez-vous auprès d'un ophtalmologiste.

La publication de cette étude n'est pas anodine, puisqu'elle intervient la veille de l'ultime négociation entre les syndicats de médecins, les mutuelles et l'Assurance-maladie pour trouver un terrain d'entente sur les dépassements d'honoraires dont le coût annuel pour la Sécurité sociale est estimé à 2,5 milliards d'euros.

L'UFC a préparé son coup

«Puisque nous n'avons pas été consultés, nous nous auto-saisissons. Et parce que la situation est grave, nous demandons des mesures d'urgence, c'est-à-dire des mesures plus contraignantes sur les dépassements et l'installation des médecins, à l'image de celles qui ont été adoptées par nos voisins autrichiens, hollandais ou allemands», a déclaré mardi Alain Bazot, le président de l'UFC-Que Choisir.
Sur son site Internet, l'association invite les citoyens à adresser des courriers de protestation à leurs députés et propose d'interdire aux spécialistes qui s'installent dans des zones surabondantes en médecins l'usage des honoraires libres, dans le cadre du secteur 2. Elle suggère également de réduire les aides publiques qui leur sont accordées. Ce n'est pas le seul souhait de l'association. Tout en reconnaissant «la nécessité de revoir la rémunération des médecins», Alain Bazot réclame le «plafonnement immédiatement des dépassements au-delà d'un montant excédant 40% du tarif remboursé par la Sécurité sociale, avant d'envisager leur suppression définitive».