Coût du travail en France et en Allemagne : en quinze ans, l'écart s'est creusé. Et devinez qui est le bon élève...

Par Fabien Piliu  |   |  460  mots
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A deux jours de la présentation officielle du rapport sur la compétitivité rédigé par Louis Gallois, le Commissaire général à l'investissement (CGI), le Haut Conseil du financement de la protection sociale (HCFPS) compare l'évolution du coût du travail en France et chez ses voisins, et en particulier en Allemagne.

Encore un bon point pour l'Allemagne... Selon les notes du rapport du Haut Conseil du financement de la protection sociale (HCFPS) rendu mercredi à Matignon, la hausse du coût horaire du travail en France a connu entre 1996 et 2011 une croissance «proche» de la médiane européenne dans l'industrie et inférieure dans les services marchands. «En revanche, c'est par rapport à l'Allemagne que la progression des coûts salariaux horaires a été plus forte en France au cours des quinze dernières années», note le rapport.

Selon les données collectées auprès de la DARES, le service statistique du ministère du Travail et le l'INSEE, les charges supportées par les employeurs comptaient pour environ un tiers -dont 28,7% pour les cotisations- dans la structure du coût salarial observée en 2011. Cette part est un peu plus élevée dans l'industrie, qui bénéficie moins des allègements bas salaires.

"Ces coûts ont progressé de 58% en France entre 1996 et la mi-2012, contre 25% en Allemagne au cours de la même période, et ne sont plus désormais dans l'industrie manufacturière inférieurs comme en début de période à ceux de l'industrie allemande. C'est à cet égard l'Allemagne qui a suivi une évolution atypique en Europe, notamment entre 2003 et 2007, en recourant de façon prépondérante à la modération salariale pour contingenter la progression du coût de sa main d'oeuvre, dont une reprise a d'ailleurs été amorcée par la suite», explique le HCFPS.

L'Allemagne, un partenaire et un concurrent

Parce qu'elle absorbe 15% des exportations tricolores, l'Allemagne est notre principal partenaire commercial. Elle est également notre principal concurrent à l'export, ce que relevait en 2008 le rapport du Conseil d'analyse économique (CAE) intitulé "Performances à l'exportation de la France et de l'Allemagne" rédigé par les économistes Lionel Fontagné et Guillaume Gaulier.

«Même si les deux présentent des différences de spécialisation, la similarité des structures d'offre des deux pays est grande, s'agissant des produits : nous avons là le couple de pays réalisant la plus grande part de leurs échanges bilatéraux sur un mode intrabranche, parmi tous les couples mondiaux», explique les économistes. Concrètement, ceci signifie que les produits importés par la
France depuis l'Allemagne sont similaires aux produits exportés par les entreprises françaises vers l'Allemagne. «Il peut certes y avoir, pour chacun de ses produits des positionnements de gamme, des politiques de tarification des firmes, différents. Mais au total, même si les variétés diffèrent, les produits sont semblables et il est probable que les exportateurs français soient confrontés, en Allemagne comme sur leurs autres marchés, à des concurrents allemands disposant d'une offre compétitive de produits similaires».