Des économistes suggèrent de retarder les politiques d'austérité

Par latribune.fr  |   |  441  mots
Copyright Reuters
L'OFCE associé à des instituts économiques allemand et danois, ont remis à la commission européenne un rapport suggérant d'étaler dans le temps les politiques de rigueur. A long terme, une telle politique, qui éviterait la récession, permettrait de réduire tout autant la dette. Avec des conséquences sociales moindres

 Trois instituts économiques européens appellent à retarder ou étaler les mesures de restrictions budgétaires adoptées dans la zone euro afin de stimuler la croissance, dans le respect des traités européens. L'observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), l'allemand IMK et le danois ECLM ont remis mercredi à la Commission européenne un rapport faisant un diagnostic de la situation dans la zone euro et présentant différents scénarios d'assainissement budgétaire.

L'IAGS (independant Annual Growth Report), baptisé ainsi en référence aux rapports annuels de la Commission européenne est une "tentative de fournir une vision indépendante de celle de la Commission", explique le président de l'OFCE, Philippe Weil. "Les économies européennes décident de mener des politiques de contraction budgétaire alors qu'elles sont déjà dans une situation conjoncturelle dégradée et ces politiques ne font que renforcer la dégradation de leur activité", estimte pour sa part l'un des coauteurs du rapport Jérôme Creel.

L'austérité, une politique contreproductive

"L'austérité produit une croissance encore plus faible et elle va même ralentir la capacité des Européens à réduire leurs déficits et leur dette publique: c'est une politique qui est complètement contreproductive" affirmet-il, expliquant que le ralentissement de la croissance induit est plus marqué encore en  période de récession. Le fait que ces politiques restrictives soient synchronisées restreint le commerce entre les pays de la zone euro et "chacun produit un peu plus de récession chez son voisin", a-t-il ajouté. "Nous sommes dans une situation d'urgence" et il n'est pas question donc de changer les traités européens, souligne l'économiste.

 

Les alternatives proposées par les trois instituts entrent donc dans le cadre des principales exigences européennes: objectif de déficit budgétaire de 3% du produit intérieur brut (PIB) avec un ajustement minimum de 0,5 point de PIB par an du déficit structurel, c'est-à-dire corrigé des effets conjoncturels, et dette de 60% d'ici 2032. "L'horizon temporel c'est 20 années", insistent les économistes de l'OFCE. Le rapport suggère par exemple de commencer l'ajustement budgétaire par exemple concernant la France seulement en 2016, alors que ce pays s'est engagé à réduire son déficit public à 3% du PIB fin 2013. La France pourrait ainsi "engranger de la croissance" et "réduire sa dette car le ratio dette sur PIB diminuerait", a-t-il ajouté. Dans ce ratio, "on a tendance à oublier le dénominateur", c'est-à-dire le PIB, résume pour sa part M. Weil. Le rapport devrait être remis aussi au ministère français de l'Economie, précise l'OFCE.