Moscovici veut un vrai ministre de la zone euro

Par latribune.fr  |   |  485  mots
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Le ministre de l'Economie estime que la zone euro doit pouvoir s'incarner dans un ministre responsable devant les citoyens

Le ministre français de l'Economie Pierre Moscovici a plaidé vendredi pour la création d'un "ministre" européen pour "incarner" la zone euro et qui serait responsable devant les citoyens.

"Il faudra à moyen terme (...) incarner la zone euro dans un ministre qui doit pouvoir, d'une façon ou d'une autre, affronter la sanction du vote des citoyens", a déclaré le ministre en conclusion des Entretiens du Trésor, à Bercy. Il a immédiatement précisé qu'il ne s'agissait "pas d'un super commissaire". "Mais la présidence de l'Eurogroupe est une fonction qui doit évoluer", a-t-il poursuivi. L'Eurogroupe est la réunion des ministres des Finances des 17 pays de la zone euro. Le président de l'Eurogroupe est actuellement Jean-Claude Juncker. Pierrre Moscovici a par ailleurs appelé de ses voeux la constitution au sein du Parlement européen d'un "comité des membres élus par les citoyens de la zone euro (...) pour "jouer un véritable rôle de co-législateur dans la désignation de la politique économique de la zone euro, en contrepoint en quelque sorte de l'Eurogroupe". Il a immédiatement précisé qu'il n'envisageait pas la création d'un "Parlement de la zone euro".

Le modèle actuel fonctionne mal

"Le modèle actuel fonctionne mal, il n'est plus adapté, nos citoyens ne le comprennent pas, il s'éloigne trop des mécanismes de contrôle nationaux", a regretté Pierre Moscovici, en insistant pour "le renforcement du contrôle démocratique des décisions prises pour la zone euro".

A propos de la création d'un budget propre à la zone euro, qu'il avait déjà défendue, il a rappelé que celui-ci serait distinct de celui des 27 pays membres de l'Union européenne. Le ministre français a souhaité qu'il puisse "financer des actions dans les domaines clés de la protection sociale et de la compétitivité, comme un socle d'indemnisation chômage en zone euro, par exemple". Il a également proposé l'instauration de l'"émission de dette en commun, éventuellement adossée à cette capacité budgétaire".

Si ces mécanismes sont mis en place dans la zone euro, il faudrait alors "s'assurer de leur bon fonctionnement par des disciplines plus strictes, par exemple dans le champ budgétaire, suffisantes pour justifier une émission de dette en commun ou en prenant des engagements plus liants, contractuels, sur nos politiques économiques". "Nous avons besoin de plus de solidarité pour réduire l'hétérogénéité dans la zone euro", a-t-il ajouté, demandant des "instances", des "procédures" qui "reflètent ce niveau de solidarité accru".

Un défaut d'Europe

Pour lui, "la crise européenne c'est d'abord et avant tout une crise d'intégration, ce n'est pas la crise. Ce n'est pas la crise d'un excès d'Europe, ça je le dis à tous ceux qui rêvent d'une sortie, d'un affaiblissement". "C'est une crise d'un défaut d'Europe", a-t-il estimé.