Et si Laurence Parisot briguait un troisième mandat à la tête du Medef ?

Par Fabien Piliu  |   |  529  mots
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Normalement, Laurence Parisot devrait quitter la présidence du Medef en juillet prochain pour poursuivre d'autres intérêts. Lesquels ? C'est bien la question. Et si la peur du vide la poussait à reprendre du service ? Les rumeurs vont bon train.

Et si Laurence Parisot succédait à ... Laurence Parisot. Les rumeurs enflent au Medef et ailleurs. Pour l'instant, seul Jean-Claude Volot, l'ancien médiateur des relations interindustrielles est officiellement dans la course à la présidence du Medef. Les autres candidats potentiels  - Pierre Gattaz, Patrick Bernasconi, Geoffroy Roux de Bézieux, Thibault Lanxade qui vient de publier un ouvrage sur le sujet - attendent patiemment la fin des négociations en cours sur la sécurisation de l'emploi pour se déclarer, conformément au souhait formulé par Laurence Parisot le 15 octobre en comité exécutif. 

Mais après sept ans passés sous les feux de l'actualité, Laurence Parisot devrait logiquement quitter la présidence du Medef. Autorisée à commenter, à orienter, à négocier les politiques économiques et sociales de la cinquième puissance économique mondiale, Laurence Parisot ne s'est pas privée de ces droits et devoirs pendant ces deux mandats passés à la tête de la plus puissante des organisations patronales. Et après ? Et si la peur du vide la poussait à reprendre le collier pour un mandat supplémentaire de trois ans ? La question n'est peut-être pas si saugrenue. Au regard de sa personnalité, de sa stature acquise à la tête du Medef, peut-on imaginer Laurence Parisot retrouver l'anonymat ? Quelles sont ses options pour l'après-Medef ?

Un départ prématuré ?

En décembre, c'est-à-dire dans les prochains jours, elle aurait pu quitter prématurément le Medef si elle avait obtenu la présidence actuellement occupée par l'allemand Jürgen Thumann de Business Europe, le patronat européen - ex-Unice- , imitant ainsi son prédécesseur au Medef, Ernest-Antoine Seillière. Toutefois, ses chances de succès étaient assez faibles. Commissaire européen ? Son nom avait été évoqué à la fin du dernier quinquennat, lorsque Nicolas Sarkozy comptait demander à Michel Barnier, l'actuel commissaire européen au marché intérieur, d'entrer au gouvernement. Aujourd'hui, on imagine mal François Hollande pousser la candidature de celle qui ne cesse de fustiger la politique du gouvernement Ayrault.

Certes, l'article 15 des statuts du Medef indique que "le président du Medef est élu pour cinq ans par l'Assemblée générale. Son mandat peut être renouvelé une seule fois pour une durée de trois ans." Fin de l'histoire ? Non, car l'article 28 de ces mêmes statuts peuvent être modifiés : « soit sur proposition du Conseil exécutif délibérant après avis du Comité statutaire, soit sur proposition de la moitié au moins des membres actifs à l'Assemblée générale ». Pour que l'Assemblée générale statue valablement, les deux tiers des délégués des membres actifs doivent prendre part au vote personnellement ou par mandataire. Elle statue à la majorité des deux tiers.

Un précédent en 2008

Ce ne serait pas la première fois que Laurence Parisot modifie les statuts. En 2008, elle avait demandé aux 44 membres du comité exécutif, 10 ayant été nommés par elle, de modifier les statuts de l'organisation. « Cette modification lui avait permis d'être réélue plus confortablement », explique un expert sur le patronat. En 2005, Laurence Parisot avait obtenu 53% des voix, contre 93,85%, en 2010.