L'accord sur l'emploi critiqué à droite et à la gauche de la gauche

Par latribune.fr  |   |  807  mots
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"Historique" pour les uns, "insuffisant" ou signe d'un "recul" pour d'autres, le compromis sur le marché de l'emploi reçoit un accueil plutôt froid dans parmi les dirigeants politique, et, sans surprise, surtout à la gauche de la gauche.

Obtenu de justesse vendredi 10 janvier, l'accord sur l'emploi était éclipsé dans l'actualité par l'intervention française au Mali, la plupart des dirigeants politiques ayant à ce sujet choisi de se ranger derrière le chef de l'Etat. Cependant, le consensus était loin d'être obtenu sur cet accord conclu vendredi par le patronat et trois syndicats sur cinq. Et aux quelques critiques formulées ce samedi, de nouvelles pourraient venir s'ajouter dans les prochaines semaines puisque ce compromis devra faire d'abord l'objet d'un projet de loi puis d'un débat parlementaire. En attendant, quelques voix ont déjà fait part de leur mécontentement... ou de leur soutien. 

"Aucune mesure concrète en faveur des entreprises"

Arnaud Robinet, député UMP de la Marne: "La montagne de l'accord historique sur la sécurisation de l'emploi a accouché d'une souris. Les partenaires sociaux n'y sont pour rien. Le gouvernement a survendu ces négociations pour n'aboutir à aucun résultat, à aucune mesure concrète en faveur des entreprises. Quelle est la mesure qui va permettre aux entreprises d'améliorer la situation de l'emploi? Aucune. La taxation des contrats courts n'est qu'une menace supplémentaire pour l'emploi et la compétitivité, comme si les charges sur les entreprises n'étaient déjà pas assez élevées"

"Des reculs fondamentaux"

Nouveau parti anticapitaliste: L'accord "entérine des reculs fondamentaux contre le droit du travail" et "institutionnalise la précarité par la généralisation des contrats à durée indéterminée intermittents et des contrats de projets, instaure la flexibilité en généralisant la mobilité, la flexibilité des horaires et des salaires (...) Les prétendues contreparties ne sauraient en aucun cas légitimer de tels reculs". "Cet accord ne répondra en rien au problème du chômage, bien au contraire". "L'urgence est la construction unitaire d'une mobilisation interdisant la validation de tels reculs sociaux". 

 Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière). "Si le patronat est satisfait, c'est que les travailleurs n'ont aucune raison de l'être (...) Les accords de compétitivité ont été rebaptisés accords de 'maintien de l'emploi', mais le contenu est le même : dans chaque entreprise, les travailleurs pourront être soumis au chantage suivant : des baisses de salaire, des mutations à l'autre bout du pays, un allongement de la durée du travail ou le licenciement (...) Les autres dispositions sont à l'avenant (...) Que la CFDT ait signé montre sa docilité à l'égard du patronat et du gouvernement". Les contreparties offertes aux syndicats "servent de feuille de vigne (...) Patrons et dirigeants syndicaux peuvent s'entendre sur leur dos autour du tapis vert, mais ils ne pourront empêcher que tôt ou tard, la colère éclate face à la dégradation des conditions d'existence, et que le monde du travail rende les coups. 

"Loin d'être le bon compromis demandé"

Olivier Dartigolles (porte-parole du PCF) : "Loin d'être le bon compromis demandé", il "conduit les salariés à devoir accepter le chantage patronal des baisses de salaire ou d'allongement du temps de travail en échange d'une promesse limitée dans le temps d'un maintien des effectifs", "restreint les possibilités de contester et d'attaquer en justice les licenciements", "introduit de fait un nouveau type de licenciement" et "oblige les salariés à se plier à une mobilité forcée". "Au regard de ces terribles reculs sociaux et du droit, les quelques avantages accordés par le Medef pour s'assurer la signature de trois organisations syndicales semblent bien maigres (...) Ainsi la taxation des CDD, d'ailleurs compensée par de nouvelles exonérations de cotisations, ne permettra pas de dissuader le patronat de recourir aux contrats courts (...) Lors du débat parlementaire, les députés et sénateurs du Front de gauche avanceront des solutions concrètes ouvrant de nouveaux droits pour sécuriser l'emploi". 

"C'est d'abord un 'ouf' " 

Côté gouvernement, c'est bien sûr un tout autre son de cloche que l'on pouvait entendre. Jean-Marc Ayrault s'est félicité d'un accord qu'il considère comme "le plus important en 30 ans", tandis que le ministre du travail, Michel Sapin faisait part de son soulagement. "C'est d'abord un 'ouf' parce que là se trouvent la méthode et des outils pour l'emploi, lutter contre le chômage, inverser la courbe du chômage", a-t-il dit au micro de RTL. Concernant le  rejet de l'accord par FO et de la CGT il a expliqué qu'il aurait "préféré bien entendu que plus encore d'organisations syndicales le signent". Avant d'ajouter: "Peut-être certaines ont-elles hésité? Peut-être certaines sont-elles en proie à des considérations internes? Je respecte tous les motifs mais il y a un accord et cet accord est un bel et grand accord."A gauche encore, Harlem Désir, le secrétaire national du PS a salué "une victoire majeure du dialogue social pour l'emploi, la compétitivité et la croissance".
 

(avec AFP)