Non, Paris n'a pas à craindre le sort de Nicosie

Par M.V.  |   |  556  mots
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Le FMI a assuré que plan de sauvetage chypriote n'était pas envisageable pour d'autres pays en Europe. L'institution a en tout cas jugé cette hypothèse "difficile". De son côté, François Hollande a déclaré jeudi que la France était "protégée".

C'est au tour du FMI de l'assurer: la "solution" trouvée à Chypre ne servira pas de modèle aux autres pays européens. "Le cas de Chypre était très complexe et par nature unique. Il serait difficile d'étendre ce cas au reste de l'Europe ou dans le monde", a déclaré Gerry Rice, un porte-parole de l'institution, refusant toutefois de préciser si le FMI jugeait souhaitable une telle généralisation.

François Hollande rassure

De son côté, François Hollande l'a affirmé lors de son intervention télévisée jeudi soir sur France 2: les Français n'ont pas à craindre le même sort que celui de l'île chypriote. "Jamais on ne touchera aux dépôts bancaires. Nous avons fait voter une loi bancaire (?), où tous les dépôts jusqu'à 100.000 euros sont garantis. En France, nous sommes protégés".

Les épargnants sont mis à contribution

Rappelons que sous la pression de ses créanciers de la troïka (FMI, Union européenne, BCE), Chypre a en effet accepté lundi à l'aube la faillite de la banque Laïki, la deuxième du pays, et une mise à contribution des gros déposants en contrepartie d'une aide de 10 milliards d'euros. Particularité: cette stratégie, qui n'a pas totalement rassuré les marchés, rompt avec celle adoptée jusque-là par la troïka dans les pays de la zone euro sous assistance financière internationale (Grèce, Portugal, Irlande). Les banques y ont été sauvées de la faillite et recapitalisées par des fonds publics.

A l'origine, il avait même été envisagé que l'intégralité des dépôts bancaires soient taxés. Les dépôts inférieurs à 100.000 euros auraient alors été taxés à 6,75% et ceux d'un montant supérieur à 100.000 euros l'auraient été à hauteur de 9,9%. Ce qui a immédiatement suscité une volée de bois vert. Alors que régnaient indignation et incompréhension face à une telle solution, un vent de panique s'est mis à souffler du côté de l'Hexagone. Serait-il possible que les épargnants français doivent un jour être taxés en contrepartie d'un plan d'aide européen?

Le président de l'Eurogroupe sème le doute

Mais cette crainte n'était pas sans fondement. Le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a lui-même mis le feu aux poudres en affirmant que la solution chypriote pourrait être retenue dans d'autres pays fragiles de la zone euro, au risque de provoquer une fuite des capitaux. Le lobby bancaire international (Institut de la Finance internationale, IIF) a d'ailleurs mis en garde les investisseurs jeudi en estimant que cette nouvelle approche pourrait bien préfigurer la manière "dont les futures tensions" dans la zone euro seront gérées.

Du reste, le travail mené actuellement par les équipes de la troïka à Nicosie pour finaliser des détails techniques "déterminera le montant de l'assistance financière" qu'apportera le FMI, comme l'a précisé Gerry Rice, alors que le montant d'un milliard d'euros circule dans la presse. Rappelant les différentes étapes de la procédure au sein de l'institution, le porte-parole a indiqué que la "décision finale" ne devrait pas être prise par le FMI avant la "fin avril".

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