Bientôt des médecins entrepreneurs ?

Par Fabien Piliu  |   |  474  mots
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Selon Michel Chassang, le président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), favoriser le regroupement des médecins de ville et des autres professionnels de santé permettrait à la Sécu d'économiser plusieurs milliards d'euros

Comment rééquilibrer les comptes de la Sécurité sociale ? Le casse-tête perdure depuis le milieu des années 70. Les gouvernements successifs n'ayant pas réussi à trouver la formule magique pour équilibrer les comptes du régime général, qui devrait afficher un déficit de 11,4 milliards d'euros cette année selon la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) 2013, les gouvernements successifs ont préféré une stratégie tous azimuts.

Invité dans le cadre des auditions privées organisées par la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP), Décision Santé Stratégie et le Quotidien du médecin, Michel Chassang, le président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) s'est dit extrêmement favorable au regroupement des médecins de ville, qu'ils soient généralistes ou spécialistes, et des autres professionnels de santé et du secteur médico-social. « Même si nous attendons toujours des signes concrets, on sent le ministère plutôt favorable à la médecine de ville, au développement de l'ambulatoire. Les patients sont demandeurs », explique Michel Chassang. Selon ses calculs, parce que le coût des soins de ville est deux fois moins élevé qu'à l'hôpital, cette stratégie consistant à optimiser le parcours de soins, si elle était appliquée, permettrait de réaliser 3 à 4 milliards d'euros de gains de productivité.

Un médecin sur deux travaille seul

« Un médecin sur deux est isolé dans son cabinet. Cet isolement n'est ni bon pour lui, ni pour les patients qui font souvent des kilomètres pour se soigner. Si le gouvernement veut rendre le parcours de soins efficace, il doit absolument se pencher sur la question », martèle-t-il

De tels regroupements ne pourraient pas se faire d'un claquement de doigts. « Il faut inventer un modèle économique. Le médecin responsable du cabinet devenir un chef d'entreprise. La médecine de ville doit passer du stade artisanal au stade entrepreneurial », avance Michel Chassang.

Créer de nouvelles structures

Pour lancer cette stratégie, Michel Chassang réclame de nouvelles dotations permettant de créer de nouvelles structures ou pour moderniser l'existant. Il estime également indispensable la création d'un nouveau mode de rémunération adapté. « Le paiement à l'acte n'aurait plus de sens. Il faut inventer un mode de rémunération par équipe pour inciter les professionnels à se regrouper », suggère Michel Chassang qui n'exclut pas la solution du salariat.

Autre condition à la réussite de ce projet : parvenir enfin à partager les informations qui concernent le patient. Selon lui, si les pharmaciens parviennent à échanger leurs données via le dossier pharmaceutique, les médecins n'y arrivent toujours pas. « Permettre le partage du dossier médical personnel [DMP] est la condition sine qua non à l'efficacité de ces regroupements », estime le responsable syndical.