Avec son "non", l'Alsace fait craindre un coup d'arrêt à la réduction du mille-feuille territorial

Par Jessica Dubois  |   |  482  mots
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Les Alsaciens ont refusé de fusionner leurs deux départements avec la région. Une déception pour ceux qui y voyait la possibilité d'amorcer le, processus de réduction "mille-feuille territorial".

L'Alsace ne verra pas (encore) ses collectivités territoriales fusionner. Dimanche, les Alsaciens ont répondu "non", par référendum, au projet de fusion entre le conseil régional et les deux conseils généraux. Objectif affiché : diminuer de 10 à 20% le nombres d'élus, et réorganiser les différents services des collectivités, en ne remplaçant pas les départs à la retraite. Si aucun chiffre n'était donné sur les économies qui auraient pu être réalisées, les partisans du "oui" estimaient qu'elles pouvaient atteindre 10% à 20% sur certaines dépenses. Les partisans y voyaient également un moyen de profiter du potentiel économique des régions voisines en Allemagne et en Suisse.

"Comme décentralisateur, je suis assez déçu", réagit Philippe Laurent, vice-président de l'association des maires de France et ancien conseiller auprès des collectivités locales. Dimanche, le rejet était surtout dans le Haut-Rhin. Dans le projet, Colmar ne gardait qu'un conseil exécutif, tandis que le siège officiel et l'assemblée auraient siégé à Strasbourg. "Le Haut-Rhin a eu peur du changement", commente sur Le Nouvel Obs le conseiller écologiste alsacien Jacques Fernique.

Attachés au département

"On parle dans des termes politiques purs, alors que c'est avant tout une question de management", regrette Philippe Laurent. Car le département, les Français y sont attachés. Lorsqu'en 2009, il a été décidé que les nouvelles plaques d'immatriculation ne comporteraient plus le numéro du département, la contestation a étésuffisamment forte pour que les autorités introduisent la possibilité d'y ajouter le département de son choix.

"Je pensais que l'identité alsacienne était plus forte que ça", répond Philippe Laurent. "Qu'on y soit attaché, d'accord, mais le département est une structure qui, sur le plan opérationnel, n'est plus justifié", avance l'élu. Leurs dépenses sont fixées par l'Etat, "ce sont plutot des agences de prestations sociales qui ont la capacité de mener des politiques territoriales".

Coup de frein ?

La grande crainte aujourd'hui, c'est que les autres projets de réduction du "mille-feuille administratif" ne passent pas. "C'était regardé avec intérêt dans le monde territorial", explique Philippe Laurent, "si cela ne passe pas en Alsace, je ne vois pas où cela pourra passer". D'autres régions, comme la Bretagne, sont intéressées. Les deux départements de la Haute-Normandie ont mis en oeuvre une politique de coopération avec la région. Et en Corse, une réforme est en discussion pour fusionner les deux départements. En 2003, un premier réferendum sur le sujet avait échoué. Autre symbole de la volonté politique de réduire ce "mille-feuille", : en 2014 devaient être élus pour la première fois des "conseillers territoriaux", remplaçant les conseillers généraux et régionaux. Mais la réforme a été annulée par François Hollande.