Le gouvernement a des ambitions pour les entrepreneuses

Par Antoine Patinet  |   |  619  mots
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Alors que la première semaine de l'entreprenariat féminin se poursuit dans cinq régions françaises, la ministre du Droit des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, ne compte pas s'arrêter là. Un plan d'action devrait être présenté dans les semaines à venir pour lutter contre les représentations sexuées des métiers, et favoriser les initiatives de femmes entrepreneuses...

« Moins de 30% des entrepreneurs sont des femmes, à cause de freins invisibles, de stéréotypes ancrés dans les inconscients. Nous voulons casser ces stéréotypes, et dire aux jeunes filles : vous en êtes capables!» Voilà le leitmotiv de cette première semaine de l'entreprenariat féminin, initiée par la ministre du Droit des Femmes, Najat Vallaud-Belkacem. Pour ce faire, plus de 120 « role-models » - femmes entrepreneures et fières de l'être - ont laissé leurs boites tourner sans elles quelques heures pour intervenir dans les lycées et les universités des cinq régions « test », parmi lesquelles l'Ile-de-France et le Nord-Pas-de-Calais. 

En guise d'inauguration, Najat Vallaud-Belkacem avait invité sa collègue Sylvia Pinel, ministre de l'Artisanat, du Commerce et du Tourisme ainsi que Leila Rivé, créatrice des Portions Magiques - un service de traiteur pour bébé - dans un lycée des Lilas. "Je ne suis pas particulièrement féministe, explique-t-elle à la Tribune, mais ce sont des organismes spécifiques à l'entreprenariat féminin qui m'ont permis de mettre en lumière mon projet." L'incubateur Paris Pionnières notamment, première structure d'aide à la création d'entreprise spécifiquement dédiée aux femmes, ainsi que le concours de l'entreprenariat féminin en Ile-de-France, qui lui décerne en 2012 le prix de l'innovation.

Un accueil mitigé
Parce qu'elle est redevable de ce type d'initiatives, elle a donc partagé avec les lycéens son expérience de chef d'entreprise, et admet avoir été étonnée par les réactions des élèves qui trouvaient qu'elle "travaillait trop".  Pas sûr que son intervention ou celles des autres entrepreneures fasse naître des vocations, mais au Ministère, on rappelle que cette semaine s'inscrit dans une « action plus globale » développée par la porte-parole du gouvernement.

Car la ministre du Droit des Femmes ne compte pas s'arrêter là. Dans quelques semaines, elle présentera un grand plan de développement de l'entrepreneuriat féminin - « en complément des actions pour l'entrepreneuriat en général », s'empresse-t-on de rassurer dans l'entourage de Najat Vallaud-Belkacem - pour contribuer à cette « égalité entrepreneuriale » pour laquelle la France accuse un retard considérable comparé à ses principaux partenaires : seulement 3% des Françaises de 18 à 64 ans ont créé ou sont propriétaires d'une entreprise, contre 4,5% des Allemandes de cette tranche d'âge, 5,2% au Royaume-Uni, et plus de 10% aux Etats-Unis.

Lutte contre les préjugés et fonds de soutien
Le plan compte pour l'instant 3 grands axes : d'abord, le développement d'une orientation pour la mixité, comprenant notamment des actions de lutte contre les représentations préconçues et sexuées des métiers, ainsi que la promotion de l'entrepreneuriat féminin dans les parcours d'orientation auprès des jeunes scolaires et des étudiants. Ensuite, la consolidation des prestations d'accompagnement pour les femmes entrepreneures, via des accords conclus avec l'Etat, les régions, la BPI et la Caisse des dépôts, et enfin le renforcement du fonds de garantie à l'initiative des femmes (FGIF), crée en 1989, ainsi que la création d'un fonds de soutien expérimental partenarial dans quatre régions.

La région Poitou-Charentes, dirigée par la controversée vice-présidente de la BPI, Ségolène Royal, (dont Najat Vallaud-Belkacem était porte-parole de campagne en 2007) fera figure de témoin, avec la dotation d'ici juin d'un fonds de 550.000 euros. L'Ile-de-France, l'Aquitaine ou la région Rhône-Alpes devraient lui emboîter le pas. Une charte devrait être signée d'ici fin juin avec la Fédération bancaire française pour que les principaux réseaux bancaires facilitent le développement de l'entreprenariat féminin. "Une super opportunité à saisir pour les femmes" estime Leila Rivé.