"Le succès de l'auto-entreprise est menacé"

Par Propos recueillis par Fabien Piliu  |   |  381  mots
François Hurel, président de l'Union des auto-entrepreneurs (UAE). Copyright Reuters
François Hurel, le président de l'Union des auto-entrepreneurs (UAE), prend acte de la décision de Sylvia Pinel, la ministre de l'Artisanat, de brider le régime de l'auto-entreprise. Il aurait préféré que le gouvernement fasse le choix d'encadrer les auto-entrepreneurs qui veulent développer leur activité plutôt que de leur imposer des limites.

La Tribune. Sylvia Pinel, la ministre de l'Artisanat, souhaite limiter dans le temps les activités principales des auto-entrepreneurs et créer un effet de seuil pour les activités secondaires. Qu'en pensez-vous ?

François Hurel. J'en prends acte mais je ne comprends pas les conclusions de Sylvia Pinel. Nous partageons avec le gouvernement et la ministre le même point de vue : il faut accompagner les auto-entrepreneurs qui ont le potentiel ainsi que la volonté de faire grandir leur entreprise. Mais la méthode souhaitée par Sylvia Pinel n'est à mon sens pas la bonne. Si un seuil était incitatif, on le saurait.

Le succès de l'auto-entreprise est-il menacé ?

Je le pense. D'une part, la situation économique n'est pas si florissante pour que l'on mette des bâtons dans les roues de ceux qui se lancent dans l'aventure entrepreneuriale. Il faut laisser les gens travailler. D'autre part, j'ai la conviction qu'un seuil intermédiaire n'aboutira qu'à créer une catégorie de très petits entrepreneurs de plus. Il faut au contraire, comme le souhaite le gouvernement, que les auto-entrepreneurs bénéficient de toute l'attention nécessaire à leur croissance.

Mais certains évoquent des situations de concurrence déloyale, notamment les artisans...

Avec perspicacité, le gouvernement a demandé un rapport à l'Inspection génale des Affaires sociales et l'Inspection générale des finances dont les conclusions sont très claires. Il indique ainsi que les situations de concurrence déloyale sont "résiduelles". Je note à la lecture de la presse que les artisans, qui souhaitaient l'exclusion de l'artisanat du régime, sont aussi très mécontents des annonces de Bercy.

Que proposez-vous pour aider les entreprises à se développer ?

Il faut maintenir un régime qui a fait la preuve de son caractère incitatif à la création d'entreprise. Il convient par ailleurs de décider d'aider les auto-entreprises qui s'approchent du plafond de 32.000 euros de chiffre d'affaires, Il faut enfin sécuriser les auto-entrepreneurs dans leurs actions et les consommateurs avec la vérification des qualifications professionnelles nécessaires à l'exercice de certaines activités et rendre l'assurance responsabilité civile obligatoire. Enfin, s'il y a des abus, contrôlons-les! Et arrêtons de laisser sous-entendre que les auto-entrepreneurs sont des fraudeurs qui s'ignorent. C'est un mauvais message à l'initiative !