Affaire Crédit Lyonnais-Adidas : Tapie parle beaucoup mais que veut-il dire ?

Par latribune.fr  |   |  708  mots
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L'arbitrage jugé suspect qui a permis à Bernard Tapie de toucher 403 millions d'euros dans le cadre de l'affaire Adidas-Crédit Lyonnais apporte chaque jour son lot de rebondissements. Et le principal intéressé ne se prive pas pour les commenter. Cherchons la cohérence...
  • "Vous n'imaginez pas à quel point je suis inquiet", a ironisé Bernard Tapie sur Europe 1 jeudi 23 mai alors que le ministre de l'Economie Pierre Moscovici avait confirmé la veille que le gouvernement envisageait un recours en nullité contre l'arbitrage qui avait permis à l'homme d'affaires de toucher 400 millions d'euros.
     
  • "Un arbitrage, il faut que les trois arbitres soient trois voyous qui ont touché de l'argent pour faire un arbitrage bidon, le reste c'est du baratin. On peut fantasmer comme ça pendant des plombes mais il n'y a rien de vrai là-dedans. Lorsqu'un arbitrage est fait, il est fait dans des règles", a encore assuré Bernard Tapie le 23 mai, dénonçant les accusations d'arbitrage "bidon". Avant de poursuivre: "s'il y a eu à l'intérieur de l'arbitrage quoi que ce soit de contestable, il y a longtemps que ça serait sorti, il y a longtemps qu'on le saurait".
     
  • "Le sort judiciaire de Madame Lagarde, franchement, ne m'intéresse pas du tout et ne me concerne pas du tout", a déclaré l'homme d'affaires au moment où la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) était auditionnée par la Cour de justice de la République (CJR), à qui elle devait s'expliquer sur son rôle dans l'arbitrage. "Madame Lagarde est dans le camp adverse, elle est ministre des Finances, représentante de l'Etat propriétaire de la banque, moi j'ai mon camp, elle a le sien", a poursuivi Bernard Tapie.
     
  • "Si on découvre la moindre entourloupe, le moindre dessous de table ou quoi que ce soit d'anormal, alors dans la seconde, à mon initiative, j'annule l'arbitrage", a déclaré l'homme d'affaires au JDD du 2 juin. Et d'ajouter qu'"aucun centime" n'avait été indûment versé.
     
  • "Une décision comme celle-là, aller à l'arbitrage, ne peut pas se faire sans que toute la chaîne de commandement soit d'accord", a-t-il affirmé au lendemain de la mise en examen de Stéphane Richard, l'actuel PDG d'Orange, pour "escroquerie en bande organisée". "S'il l'a dit, c'est que c'est vrai", a-t-il assuré, soulignant qu'une telle rencontre "précédait de six mois la décision définitive d'arbitrage".
     
  • "Rien ne s'est fait en catimini. Et ni Stéphane Richard, ni Christine Lagarde, ni Claude Guéant n'avaient le pouvoir de décider", a poursuivi Bernard Tapie, dans un entretien accordé à Reuters jeudi. Bernard Tapie s'est également étonné que l'on puisse lui reprocher sa proximité avec l'ancien chef de l'Etat Nicolas Sarkozy qu'il voyait, selon ses dires, régulièrement, tous les trois mois, avant et après son élection en 2007. Et de préciser qu'il était "allé plusieurs fois à l'Elysée. Je ne m'en cachais pas, d'ailleurs. J'entrais et je sortais par la grande porte et pas par l'arrière-cour".
     
  • Bernard Tapie a également assuré avoir "souvent rencontré Henri Guaino, Catherine Pégard et un peu moins souvent Claude Guéant. C'est vrai que je voulais faire entendre mes arguments. J'ai également eu des rendez-vous avec Nicolas Sarkozy en personne et avec François Fillon à Matignon. Mais je ne me suis jamais entretenu de mon dossier avec eux."
     
  • "Il est probable qu'ils m'aient demandé à l'époque en quoi c'était intéressant pour moi et pour eux de passer à l'arbitrage, puisqu'on avait échoué dans la médiation", a expliqué Bernard Tapie, selon qui la ministre de l'Economie de l'époque a souhaité avoir un "grand nombre de consultations, d'avis et d'expertises" afin d'évaluer "les avantages et inconvénients" d'un arbitrage.
     
  • "Je n'ai pas choisi l'endroit où on souhaitait me recevoir", a confié Bernard Tapie. L'homme d'affaires a toutefois estimé qu'il n'était "pas interdit que le secrétaire général de l'Elysée, que le directeur du cabinet de Mme Lagarde et le directeur du CDR, qui sont toute la chaîne de commandement d'une décision comme celle-là", souhaitent le voir.
     
  • L'homme d'affaires a déclaré que toutes les réunions-clefs de l'arbitrage se sont déroulées au cabinet de l'avocat du CDR. "Sauf une fois, elles n'ont jamais eu lieu en ma présence, ni celle de Claude Guéant ou Stéphane Richard."


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