Hollande sur les traces de Schröder ? Le test des retraites

Par Ivan Best  |   |  514  mots
Gerhard Schröder, chancelier allemand (SPD) de 1998 à 2005 Copyright Reuters
François Hollande va-t-il geler les retraites, pour en réduire le déficit? Le rapport Moreau suggère cette piste, évoquant une sous-indexation des pensions. S'il fait ce choix, le chef de l'Etat mettra ses pas dans ceux de l'ancien chancelier allemand. Les dernières déclarations présidentielles peuvent donner à penser qu'il privilégiera au contraire, au moins court terme, la hausse des prélèvements obligatoires

François Hollande, qui a félicité Gerhard Schröder pour son action, à l'occasion du 150e anniversaire du SPD, va-t-il mettre ses pas dans ceux de l'ancien chancelier allemand, comme l'y incitent les milieux économiques ? De ce point de vue, les décisions qu'il prendra en matière de retraites seront éclairantes. Un véritable test, s'agissant de la gestion de la dépense publique.
Soit il opte pour la voie d'économies immédiates, via la non indexation des pensions, et il sera possible d'affirmer que François Hollande se « schroderise ». Soit il opte, en tous cas à court terme, uniquement pour des hausses de prélèvements obligatoires - CSG sur retraités alignée sur celle des salariés, suppression de l'abattement de 10% sur le revenu imposable- et les Français admirateurs de Gerhard Schröder pourront dire que, décidément, les socialistes sont « incapables de réformer ».

La réforme des retraites, facteur essentiel de la baisse des depenses publiques en Allemagne...
L'ex-chancelier a initié, en 2003-2004, une réforme des retraites, dont l'effet immédiat a été de diminuer la dépense publique. Alors que le nombre de retraités augmentait évidemment, la dépense globale pour la retraite a reculé pour la première fois en 2004, outre-Rhin. Cette baisse, synonyme de forte érosion des pensions, a contribué fortement à la diminution générale de la dépense publique, dont s'est enorgueilli l'Allemagne. Une politique qui fait figure de modèle pour toute la droite française. Ces dépenses représentent 56,6% du PIB en France, contre 45% en Allemagne, selon Eurostat.

... grâce à la désindexation
C'est bien sûr en désindexant les pensions et les autres prestations, qui ont été purement gelées, que le gouvernement allemand est d'abord parvenu à ce résultat. La réforme des retraites qui a suivi, en 2007, les premières décisions de Gerhard Schröder, l'a conforté, à tel point que les dépenses de retraite allemandes étaient en 2011 inférieures à leur niveau de 2003, en euros courants, sans prise en compte de la hausse des prix qui les a érodées encore plus.
Cette politique explique pour une part non négligeable le creusement de l'écart de dépenses publiques entre les deux pays. En Allemagne, le poids des pensions, rapporté au PIB, a légèrement diminué, se situant autour de 10% de la richesse nationale, en France, il est passé de 10 à 13% du PIB en une dizaine d'années.
En assurant dimanche soir sur M6 qu'il ne toucherait pas au montant des pensions, François Hollande a semblé exclure le gel ou la sous-indexation des retraites. «Je veux dire aux retraités qu'on ne touchera pas à leur retraite, qu'on va la sécuriser», a déclaré le chef de l'Etat.
Ce serait donc la voie française, celle des hausses d'impôts, qui serait empruntée, en tous cas à court terme. Mais François Hollande a habitué les Français à des déclarations rassurantes, qui masquent parfois des décisions moins favorables aux publics qu'il cherche à rassurer. Réponse en septembre.