Pour le Medef, le rapport Moreau sur les retraites a tout faux

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  570  mots
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Le Medef conteste fortement les recommandations du rapport Moreau pour résorber le déficit des retraites. Il lui reproche de privilégier les pistes de l'augmenation des cotisations et de la désindexation des pensions. Pour l'organisation patronale, seuls les paramètres de l'allongement de la durée de cotisation et de l'élévation de l'âge du départ légal à la retraite doivent être considérés. Laurence Parisot participera en personne à la table ronde sur les retraites prévue lors de la grande conférence sociale.

Au Medef, c'est clair : pas de quartier pour le rapport de la Commission Moreau sur l'avenir des retraites ! L'organisation patronale se retrouve d'accord avec FO... et la CGT pour dénoncer les divers pistes évoquées dans ce rapport pour résorber le déficit des régimes de retraite qui atteindra plus de 20 milliards en 2020. Bien entendu, ce n'est pas pour les mêmes raisons que les syndicats si l'organisation patronale dénonce les préconisations avancées. *

Selon Laurence Parisot, « plusieurs points du rapport manquent de rigueur et de hauteur de vue ». Ainsi, selon elle, "Nous savons que les besoins de financement pour l'ensemble des régimes à l'horizon 2020 sont de l'ordre de 22 milliards d'euros par an". Or, sur cette somme, "8,6 milliards représentent les besoins de financement des seuls régimes des fonctionnaires" et "le rapport Moreau laisse entière (...) la question du financement" de ces régimes, a déploré la présidente du Medef.


Opposition à une hausse des cotisations et à la désindexation partielle des pensions


Par ailleurs, toujours selon Laurence Parisot,, "à un horizon de court terme, les leviers d'action privilégiés par le rapport Moreau sont les pistes fiscales (...) qui passent notamment par une hausse de cotisation sur les entreprises et les actifs": "c'est inacceptable, inenvisageable et irresponsable",
Enfin, "la piste de l'âge (légal de départ) tout comme la piste de la durée de cotisation sont considérées marginalement", a-t-elle souligné. Car "le rapport imagine un déplacement de l'âge légal ou un allongement de la durée de cotisation sur un rythme tellement lent qu'effectivement ces mouvements ne produisent que très peu d'effets", a estimé Laurence Parisot.


Le trait volontairement noirci


En vérité, le Medef noircit un peu le trait. Le rapport Moreau se présente comme une boite à outils. Il propose donc différents leviers pour agir : désindexation partielle des pensions et/ou des salaires portés au compte, hausse des cotisations vieillesse, allongement de la durée de cotisation, etc. Il ne fait pas de choix entre ces différentes possibilités. Il se contente de les exposer.

Mieux, s'agissant de la hausse éventuelle des cotisations, le rapport Moreau explique même qu'il s'agirait du choix qui pèserait le plus sur la croissance... Ce qui aurait dû satisfaire le Medef. Quant au régime de retraite des fonctionnaires, ce même rapport explique que pour le calcul de la pension, il ne faudrait peut-être plus la calculer sur la bases des six derniers mois de salaire (hors prime) mais sur une période allant de 3 à 10 ans. Un point qui devrait aussi satisfaire l'organisation patronale.


Le Medef milite pour remonter l'âge du départ à la retraite


En réalité, l'opposition de Laurence Parisot au rapport Moreau réside dans le fait que, pour le Medef, il n'y a que deux paramètres à prendre en considération : l'élévation de l'âge du départ légal à la retraite et l'allongement de la durée de cotisation. Tous les autres leviers sont donc à oublier. D'ailleurs, Laurence Parisot a indiqué que lors de la grande conférence sociale des 20 et 21 juin, elle assisterait personnellement à la table ronde sur les retraites et le financement de la protection sociale pour faire prévaloir le point de vue du Medef car le « sujet retraite est au c?ur de l'avenir de notre pays »