Affaire Tapie : plusieurs témoignages à charge contre Stéphane Richard

Par latribune.fr  |   |  485  mots
Copyright Reuters
Selon plusieurs hauts fonctionnaires, Stéphane Richard, l'ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde et actuel patron d'Orange, aurait insisté pour que le conflit entre Bernard Tapie et le Crédit lyonnais soit réglé par un arbitrage, et ce malgré leurs réticences.

Stéphane Richard a peut-être conservé son poste à la tête d?Orange. Mais son horizon n?en est pas pour autant dégagé dans l?affaire Tapie. Mis en examen pour ?escroquerie en bande organisée?, l?ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde a fait l?objet de témoignages accablants de la part de plusieurs personnalités liés à ce dossier. Ceux-ci sont révélés ce mardi par Le Monde, qui a eu accès à des documents de l?instruction.

Parmi ces témoins : des membres du consortium de réalisation (CDR), organisme de gestion du passif du Crédit lyonnais et d?autres hauts fonctionnaires. Leurs témoignages indiquent que Stéphane Richard a insisté pour que le litige entre Bernard Tapie et le Crédit lyonnais soit réglé par un arbitrage privé. Même après la sentence ayant aboutit au versement de 403 millions d?euros à l?homme d?affaires, l?ancien directeur de cabinet aurait en outre ?uvré pour que cette décision ne soit pas dénoncée, en dépit des désaccords de hauts fonctionnaires.

"Seule instruction" : aller à l'arbitrage

  • Bernard Scemama, le président de l'EPFR (Etablissement public de financement de la restructuration), qui gère le CDR, dit avoir été convoqué à Bercy en 2007. D?après lui, la " seule instruction? de Stéphane Richard ?était d'aller à l'arbitrage", selon des propos rapportés par Le Monde. ? Une fois celui-ci décidé et la sentence tombée, Bernard Scemama aurait été incité à voté contre son annulation.
  • Patrick Peugeot, ancien administrateur du fameux CDR, a de son côté, évoqué les ?interventions? de Stéphane Richard. Ce dernier l?aurait "soustrait d'une réunion" en 2007 pour tenter de le "convaincre d'approuver non seulement l'arbitrage mais aussi le contenu du compromis".

"La position retenue par les pouvoirs publics"

  • Bruno Bézard, qui était alors directeur général de l'Agence des participations de l'Etat avait déconseillé l?arbitrage. A la cour de justice de la République devant laquelle Christine Lagarde a témoigné fin mai, il aurait déclaré : Stéphane "Richard a clairement indiqué que la position retenue par les pouvoirs publics était l'arbitrage?.
  • Christian Dufour, qui fut lui aussi directeur de cabinet de Christine Lagarde a de son côté indiqué qu?il ?s'agissait d'un dossier exclusivement suivi par M. Richard". A la CJR, le haut fonctionnaire a en outre confié avoir croisé Bernard Tapie à Bercy.

Lagarde clame son ignorance, Richard renvoie la balle

D?après d?autres pièces du dossier dévoilées lundi, l?ancienne ministre de l?Economie, Christine Lagarde aurait de son côté déclaré à la CJR ne pas avoir détenu suffisamment d?éléments pour se prononcer contre l?arbitrage. Tandis que Stéphane Richard, lui, a insisté lors de sa garde à vue sur la responsabilité de l?actuelle dirigeante du FMI.