Tapie et son avocat mis en examen "pour escroquerie en bande organisée" : à qui le tour ?

Par latribune.fr  |   |  632  mots
Copyright Reuters
Bernard Tapie et son avocat Maître Maurice Lantourne ont été mis en examen vendredi pour "escroquerie en bande organisée" dans l'enquête sur l' arbitrage controversé de 2008 du litige avec le Crédit Lyonnais concernant la vente d'Adidas en 1993. Ils rejoignent Stéphane Richard, l'ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde et actuel PDG d'Orange, Pierre Estoup, l'un des trois arbitres et Jean Rocchi, l'ancien président du Consortium de réalisation (CDR), l'organisme sous tutelle de l'Etat chargé du passif du Crédit Lyonnais. Le CDR a déposé vendredi un recours contre cet arbitrage. Claude Guéant, l'ex-ministre de l'Intérieur devrait prochainement être interrogé par les juges.

 Le journal de 20 heures de France 2 risque de faire exploser son audience lundi si Bernard Tapie vient s'exprimer sur l'arbitrage controversé de son litige avec le Crédit Lyonnais concernant la vente d'Adidas en 1993 comme il l'aurait prévu selon l'un de ses conseillers. Depuis ce vendredi, après quatre jours de garde à vue, l'homme d'affaires et ancien ministre a été mis en examen pour "escroquerie en bande organisée" dans l'enquête sur cet arbitrage rendu en 2008 qui lui a octroyé plus de 400 millions d'euros. Bernard Tapie a été placé sous contrôle judiciaire, avec interdiction de communiquer avec certains des protagonistes du dossier.

Cinq personnes mis en examen
Son avocat, Maître Maurice Lantourne, qui avait été placé en garde à vue mardi à la brigade financière, a été, lui aussi, mis en examen vendredi, également pour "escroquerie en bande organisée" et placé lui aussi sous contrôle judiciaire. Ils sont désormais cinq à être mis en examen par les juges qui soupçonnent l'arbitrage d'avoir été truqué au profit de Bernard Tapie : l'actuel PDG d'Orange, Stéphane Richard, ancien directeur de cabinet de l'ex-ministre de l'Economie, Christine Lagarde (placé sous le statut de témoin assisté), Pierre Estoup, l'un des trois arbitres dans le contentieux, et Jean Rocchi, l'ancien président du Consortium de réalisation (CDR), l'organisme sous tutelle de l'Etat chargé du passif du Crédit Lyonnais.

Le dossier est "vide"

Les juges tentent notamment de comprendre, d'une part, comment Bernard Tapie a plaidé sa cause à l'Elysée et au ministère de l'Economie et, d'autre part, la nature de ses liens avec les arbitres. Les magistrats s'interrogent notamment sur les liens professionnels de Maître Lantourne avec l'un des trois arbitres, Pierre Estoup et sur les conditions de sa désignation.
Maître Hervé Temime, l'un des avocats de Bernard Tapie, a estimé que le dossier était "vide d'élément susceptible de démontrer que la sentence arbitrale, son résultat, est le fruit d'une escroquerie, d'un plan concerté". Pour son collègue, Maître Paul-Albert Iweins, avocat de Maître Lantourne, "l'étude du dossier ne permet pas de comprendre la raison de la mise en examen, ni pour lui, ni d'ailleurs pour les autres mis en cause". "Aucun élément de nature politique, ni dans sa relation avec M. Sarkozy, ni dans ses relations avec quelque membre que ce soit de l'Elysée ou d'un ministère quelconque ne font partie des éléments qui figurent dans les reproches qui lui sont faits en l'état", a-t-il poursuivi.

"Sarkozy n'a pas cherché à m'aider" dit Tapie
L'enquête a montré que Bernard Tapie s'est rendu de nombreuses fois à l'Elysée, notamment deux mois après l'élection de Nicolas Sarkozy, en juillet 2012, à une réunion consacrée uniquement à l'arbitrage, organisée par Claude Guéant. L'ex-ministre de l'Intérieur devrait prochainement être interrogé par les juges. Bernard Tapie récuse l'idée qu'il ait reçu une aide politique de Nicolas Sarkozy pour le remercier de l'avoir soutenu lors de la campagne présidentielle de 2007. « Cette insinuation est ridicule (...) L'ancien Président n'a pas cherché à m'aider. Il n'a pas provoqué l'arbitrage. Il n'a pas donné d'instructions en ma faveur à quiconque. Mais il ne s'est pas opposé à la procédure permettant de sortir d'un litige qui datait de 1995», dit-il dans son livre son livre paru jeudi.

Le CDR dépose un recours contre l'arbitrage
Vendredi, au-delà des mises en examen le Consortium de réalisation (CDR), a déposé un recours devant la cour d'appel de Paris contre l'arbitrage de 2008. Pour l'organisme sous tutelle de l'Etat chargé du passif du Crédit Lyonnais, les investigations "ont révélé l'existence d'indices graves et concordants permettant de considérer que l'arbitrage a été entaché de fraude".