La belle vie d'un ancien de l'UIMM arrosé par la "caisse noire" pendant des années

Par latribune.fr  |   |  441  mots
A son départ à la retraite, Jacques Gagliardi, ex-responsable des relations extérieures de l'UIMM, aurait touché une enveloppe de 500 000 francs. Un geste du président de l'époque, Jacques Guillen. | TF1 (capture)
Jacques Gagliardi, l'un des accusés dans le procès de l'UIMM raconte la façon dont il a bénéficié des largesses de l'organisation patronale lorsqu'il travaillait pour elle. Et durant sa retraite. Édifiant.

Il était déjà passé à table 2008. Jacques Gagliardi, ex-responsable des relations extérieures de l'UIMM, qui avait avoué être un "porteur d'enveloppes", a témoigné de nouveau ce mardi lors du procès de la fédération de la métallurgie. Il a fait le récit de la période où il travaillait avec Pierre Guillen, le vice-président de l'organisation décédé en 2008.

"Je me promenais, lisais des livres, voyais ce qui se passait sur le plan social, politique, quel était le climat. Je lui faisais des notes pour alimenter sa réflexion (... )J'ai eu une activité plus amusante que mes honorables co-inculpés qui ont travaillé sur le progrès économique et social". 

Un salaire de plus de 15.000 euros par mois

Avec Denis Gautier-Sauvagnac et sept autres personnes, Jacques Gagliardi est soupçonné d'avoir participé au détournement de plusieurs millions d'euros pendant des années, via une "caisse noire" servant à distribuer des sommes en liquide à des syndicats, des responsables politiques ou encore des intellectuels.

Jacques Gagliardi lui-même en aurait bénéficié. Il a notamment déclaré avoir perçu 100.000 francs (15.244 euros) par mois de salaire.

Des liasses de billet pour "garder un bon souvenir de la maison"

Mieux à son départ en retraite à l'âge de 63 ans, Pierre Guillen lui aurait ainsi proposé une enveloppe de 500.000 francs (soit un peu plus de 76.000 euros), ainsi que 100.000 francs (15.244 euros) par mois pendant sept ans, le tout en liquide. La justification de telles gratifications? Lui permettre de "garder un bon souvenir de la maison". 

En outre, il a pu piocher dans la caisse au gré de ses besoins, et ce jusqu'en 2003. "Je me rendais à l'UIMM pour percevoir une partie de cette somme. Je m'y rendais environ trois fois par an à l'improviste et la comptable me remettait une enveloppe", avait déjà raconté Jacques Gagliardi lors de l'enquête. Des sommes qui lui ont permis de "payer les études de [sa] fille et d'installer [son] fils au Canada".

"J'ai suffisamment servi la République et cette affaire ne m'empêche pas de dormir"

L'ancien cadre de l'organisation n'est passible de sanctions que pour deux versements, de 200.000 francs (30.489 euros) et 36.000 euros, en raison de la prescription. 

Pas de repentir pourtant, dans la bouche de Jacques Gagliardi. "C'est vrai que je me suis conduit en mauvais citoyen en fraudant le fisc mais j'ai suffisamment servi la République et cette affaire ne m'empêche pas de dormir", a-t-il lâché. 

En 2008, il accusait l'ancêtre du Medef, le Conseil national du patronat français (CNPF) lui-même d'avoir bénéficié d'un financement occulte de la part de l'UIMM.