Ecotaxe : et un recul de plus !

Par latribune.fr  |   |  485  mots
Les portiques installés ne serviront donc pas... pour l'instant. L'écotaxe avait été votée par la gauche et la droite sous le gouvernement Fillon / Reuters.
Jean-Marc Ayrault a annoncé, ce mardi, qu'il suspendait l'écotaxe sur tout le territoire pour "donner le temps nécessaire d'un dialogue au niveau national et régional". Si le gouvernement abandonnait définitivement cette taxe poids-lourds, il devrait débourser plus de 800 millions d'euros à la société Ecomouv', mandatée par le gouvernement Fillon pour mettre en place le dispositif de collecte. Et se passer du milliard de recettes attendues.

Le gouvernement a une nouvelle fois reculé. Le Premier ministre a annoncé, ce mardi , sur son compte Twitter qu'il suspendait la mise en place de l'écotaxe, à l'issue d'une réunion organisée à Matignon avec des élus bretons et les ministres concernés par le dossier.

"Le courage, ce n'est pas l'obstination, c'est écouter, comprendre. C'est pourquoi j'ai décidé la suspension de la mise en œuvre de l'écotaxe pour nous donner le temps nécessaire d'un dialogue au niveau national et régional", a ajouté Jean-Marc Ayrault, précisant que la "suspension" n'équivalait pas à la "suppression".

"C'est lamentable, il n'y a aucun courage politique", a dénoncé à l'AFP Bruno Genty, le président de France Nature Environnement (FNE), une fédération qui regroupe quelque 3.000 associations environnementales. "Une mesure votée par la droite comme la gauche est remis en cause à partir du moment où un groupe d'individus cassent des biens publics", a-t-il déploré.

Le ministre de l'Agriculteur avait affirmé qu'elle serait maintenue

Depuis plusieurs jours, les agriculteurs bretons manifestent contre cette taxe poids-lourds inscrite en 2007 dans le Grenelle de l'Environnement sous la présidence de Nicolas Sarkozy et déjà reportée à deux reprises par l'ancien gouvernement.

Lundi, le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, avait pourtant certifié qu'il ne reviendrait pas dessus. Interrogé sur iTélé, il avait ainsi expliqué que le gouvernement devrait débourser 800 millions euros en cas de rupture du contrat signé par l'ancienne majorité avec la société Ecomouv', mandatée pour gérer la collecte des revenus tirés de l'écotaxe.

"Le contrat qui a été signé par Madame Kosciusko-Morizet (ex-ministre de l'Ecologie, NDLR), par Monsieur Baroin (ex-ministre de l'Economie), par Madame Pécresse (ex-ministre du Budget) à une société qui s'appelle Ecomouv', si on devait le délier, ça coûterait 800 millions d'euros. Voilà ce qu'on nous a laissé et voilà pourquoi on ne pas revenir en arrière", avait commenté le ministre.

Un milliard de recettes aux oubliettes

Cela coûterait en fait un milliard d'euros sur un an, dont 800 millions d'euros à payer immédiatement, a précisé le ministère des Transports à l'AFP.

En suspendant cette taxe le gouvernement se prive du milliard d'euros de revenus qu'elle était censée rapporter. Elle devait ainsi être payée par tous les camions français et étrangers de plus de 3,5 tonnes roulant sur certaines routes (hors autoroutes payantes) à compter du 1er janvier prochain. L'argent récolté devait permettre de développer et de moderniser les infrastructures de transport.

L'écotaxe "va coûter 42 millions d'euros à la Bretagne, mais va lui en rapporter 135" en matière de "transport routier, qualité des routes...", a ainsi calculé le sénateur Jean-Vincent Placé (EELV).