Pôles de compétitivité : les milliards de l'Etat ont-ils servi à quelque chose ?

Par Fabien Piliu  |   |  497  mots
Dans les pôles de compétitivité, la recherche des PME et des ETI est largement subventionnée (Crédits : Décideurs en région)
Une étude de l’Insee publiée ce jeudi indique que les subventions publiques et le crédit impôt recherche accordées aux PME et aux ETI n’ont déclenché ni d’effet d’aubaine, ni d’effet d’entraînement.

Lancés en 2005, les pôles de compétitivité, dont l'objectif était de développer des réseaux comprenant des entreprises et des organismes de recherche et de formation, ont-ils accéléré les efforts de recherche des PME et des ETI ? Les résultats d'une étude de l'Insee dévoilée ce jeudi comparant les entreprises des pôles à des entreprises semblables restées hors du dispositif et portant sur la période 2005-2009 laissent plutôt songeur.

Pourtant, l'État n'a pas ménagé ses efforts en faveur des 71 pôles, via les subventions publiques et le crédit impôt recherche (CIR). Entre 2005 et 2009, le financement public de la recherche et développement (R&D) a atteint entre 2,5 et 3 milliards d'euros par an selon l'Insee, auxquels s'ajoutent également chaque année quelques centaines de millions de financements européens.

Pas d'effet d'aubaine

"Nos résultats montrent que, suite à leur participation aux pôles de compétitivité, ces PME et ces ETI auraient augmenté leurs dépenses de R&D. Si elles n'ont pas toutes participé à un projet subventionné, elles auraient en moyenne reçu plus de subventions, issues, ou non, de la politique des pôles, que les entreprises restées hors des pôles. Ces entreprises auraient aussi bénéficié de montants de CIR plus élevés mais au total l'évolution des dépenses de R&D ne semble pas correspondre à un effet d'aubaine : les dépenses financées par des subventions ou par le CIR ne se seraient pas substituées aux dépenses privées de R&D, hors CIR", explique l'Insee.

Pas d'effet d'entraînement

Ainsi, l'effet semble être additif, mais non d'entraînement puisque l'étude indique que "ces dépenses privées financées en propre n'auraient pas non plus augmenté significativement. Si la participation aux pôles semble bien avoir un impact positif sur les dépenses de R&D, il n'a pas été possible de distinguer précisément cet effet du rôle joué par le CIR qui a fortement diminué le coût de la R&D sur la fin de la période étudiée", explique l'Insee.

La stratégie des pôles change

Les effets d'entraînement sur la recherche privée ont-ils accéléré entre 2009 et 2013 ? L'étude ne le dit pas. En revanche, ce que l'on sait, c'est que l'effort public en faveur de la R&D et l'innovation n'a pas molli. A priori, son impact sur la recherche privée n'a pas été dévastateur. Est-ce la raison pour laquelle le gouvernement a décidé de réorienter la stratégie des pôles  sur la période 2013-2018, comme le prévoit l'action 10 du Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l'emploi  ? Au cours des prochaines années, ils ne devront plus se concentrer en priorité sur la recherche mais sur l'industrialisation des produits et services.