La Bretagne reçoit Jean-Marc Ayrault et ses 2 milliards d'euros d'aide

Par latribune.fr  |   |  716  mots
Jean-Marc Ayrault fait de la signature du Pacte d'avenir pour la Bretagne l'occasion de relancer le débat sur la décentralisation. (Photo : Reuters)
Jean-Marc Ayrault est attendu en Bretagne ce vendredi pour signer le Pacte d'avenir de 2 milliards qui a été développé en urgence suite à la crise de l'écotaxe. Pacte sur lequel il se dit ouvert à la discussion pour l'améliorer.

Le Pacte d'avenir pour la Bretagne franchit vendredi la dernière étape avant sa mise en œuvre avec la signature du texte, à Rennes, par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et le président PS de la Région, Pierrick Massiot, en pleine tourmente économique et sociale. Le préfet Patrick Strzoda, qui a organisé une trentaine de réunions avec les acteurs politiques, économiques et sociaux en vue de l'élaboration du texte, apposera aussi sa signature en bas du document.

Une cérémonie sans opposition

Jeudi, au terme de la consultation par les instances du conseil régional et deux jours après l'avis, réservé mais favorable, des membres du Conseil économique, social et environnemental de Bretagne (Ceser), ce sont les élus bretons qui se sont prononcés à une courte majorité en faveur du Pacte (46 voix pour, 36 contre, une élue UMP absente pour cause de condamnation).

Ils ont ainsi autorisé Pierrick Massiot à signer le texte avec le préfet et le Premier ministre, qui se déplace à Rennes entouré de 5 ministres: Philippe Martin (Ecologie), Michel Sapin (Travail), Stéphane Le Foll (Agriculture), Marylise Lebranchu (Décentralisation) et Guillaume Garot (Agroalimentaire).

En revanche les élus du groupe Droite et Centre du conseil régional, qui ont voté contre le texte, ont décidé de boycotter la cérémonie de signature. Et deux syndicats, Force ouvrière et Sud, ont appelé à une manifestation.

Une enveloppe totale de 2 milliards d'euros

C'est Jean-Marc Ayrault qui avait lancé le pacte mi-octobre pour trouver des solutions pérennes à la "crise bretonne", liée à une avalanche de restructurations et de plans sociaux dans l'agroalimentaire, les télécom et l'automobile, trois piliers de l'économie bretonne. La colère en Bretagne a en outre été alimentée par le rejet de l'écotaxe, aujourd'hui simplement suspendue.

Le document énumère des mesures d'urgence pour les filières et les salariés en difficultés, des dispositions dans les domaines de l'emploi, de l'accès au marché du travail, de l'enseignement supérieur et la recherche notamment, mais aussi pour l'agri-agroalimentaire, en pleine tourmente. Soit, au total, une enveloppe de près de deux milliards d'euros d'aides ou de prêts, nouveaux ou déjà actés.

Outre un rappel des objectifs du Pacte, le Premier ministre devrait aborder dans son discours la question de la décentralisation, chère à de nombreux élus bretons, mais aussi un des chevaux de bataille des Bonnets rouges. Mouvement qui est à l'origine de deux manifestations de masse, en novembre, à Quimper et à Carhaix (Finistère), pour l'emploi, la suppression de l'écotaxe et la "régionalisation".

Débat sur la décentralisation relancé

Le Premier ministre a évoqué le sujet de la décentralisation dans une interview dans Le Télégramme dans son édition de vendredi. Avec une seconde loi qui succèdera au premier texte en passe d'être adopté par le parlement.

"Il s'agit de renforcer les compétences des régions. Le dialogue est ouvert. J'attends des propositions, y compris innovantes, y compris audacieuses", assure Jean-Marc Ayrault dans l'entretien.

Après la signature du Pacte, un comité de pilotage sera mis en place. "Nous avons tous une obligation de résultats, que ce soit les entreprises, les collectivités locales, l'État", insiste le Premier ministre dans le journal breton, estimant qu'il "n'y a pas de temps à perdre", vu l'urgence de la situation en Bretagne.

"Le gouvernement a donné instruction au préfet de région et au conseil régional pour poursuivre (la discussion), améliorer le Pacte", selon une source à Matignon, où l'on se dit "ouvert pour compléter le Pacte après, notamment en matière de simplification des normes environnementales, très attendue par les chefs d'entreprise et les agriculteurs".

FO va remettre une proposition, en attendant Hollande

C'est ce que compte faire FO, qui avait claqué le mois dernier la porte des discussions sur l'élaboration du Pacte. Le syndicat souhaite en effet remettre un document au Premier ministre, qui devrait rester à peine plus d'une heure à Rennes.

Le président François Hollande, qui devrait se rendre en Bretagne dans les prochaines semaines, y est attendu de pied ferme par les Bonnets rouges, qui réclament de sa part un discours "historique" sur la décentralisation.