Les médecins "mercenaires" représentent un surcoût de 500 millions d'euros par an

Par latribune.fr  |   |  426  mots
Un médecin intérimaire touche en moyenne de 600 à 800 euros nets pour une journée de travail quand son collègue titulaire est payé 260 euros, estime le député PS Olivier Véran. (Photo : Reuters)
Face à une pénurie de médecins, les hôpitaux sont obligés de recruter des intérimaires, parfois en toute illégalité et à des tarifs exorbitants. Le surcoût est de 500 millions d'euros et la qualité des soins s'en ressent.

L'intérim coûte cher, surtout aux hôpitaux. Près de 6.000 médecins intérimaires seraient employés par les les hôpitaux publics, ce qui représente un surcoût de 500 millions d'euros par an, selon un rapport parlementaire présenté mardi.

Plus de trois fois plus cher qu'un médecin normal

Un médecin intérimaire touche en moyenne de 600 à 800 euros nets pour une journée de travail quand son collègue titulaire est payé 260 euros, estime le député PS Olivier Véran dans ce rapport, remis mardi aux députés. Au final, cela représente un coût de 1.370 euros TTC à l'hôpital, soit "plus du triple du coût normal d'une journée de travail pour un praticien hospitalier".

Et "on peut estimer le surcoût pour les hôpitaux à plusieurs centaines de millions d'euros, de l'ordre de 500 millions d'euros", note le rapport.

Pénurie dans les emplois pénibles

Ce phénomène "qui semble avoir pris de l'ampleur mais bénéficie d'une véritable omerta" est lié aux difficultés de recrutement des hôpitaux, explique-t-il.

La médecine d'urgence, l'anesthésie ou la radiologie souffrent plus particulièrement d'une pénurie chronique de professionnels. Aux urgences, "le recours au remplacement serait symptomatique de la pénibilité" (gardes nombreuses, stress professionnel). En anesthésie, seul un poste de titulaire sur trois est pourvu.

Pratiques à la limite de la légalité

Face à cette situation, les directeurs d'hôpitaux, confrontés à une "surenchère salariale", sont contraints par une réglementation rigide qui ne leur permet pas d'augmenter la rémunération au-delà d'un certain seuil. Certains y dérogent, engageant parfois leur responsabilité, d'autres recrutent des médecins sur des courtes durées, au tarif du remplacement, et renouvellent le contrat mois après mois.

La situation est "plus critique" encore dans les petits hôpitaux où certains services "ne se maintiendraient ouverts qu'en recrutant 100% de remplaçants".

Atteinte à la qualité des soins

Plus grave: "le marché s'est emballé, remettant en cause par endroits la qualité, la continuité, la sécurité des soins". Pour autant, "il est difficile de déterminer si la multiplication des missions temporaires s'accompagne d'un sur-risque pour les malades".

Le groupe de travail à l'origine de ce rapport formule 14 recommandations pour réduire le recours à l'emploi temporaire médical. Il s'agit principalement d'améliorer le recrutement à l'hôpital. Mais aussi de mettre fin aux abus, en plafonnant le niveau de rémunération des médecins contractuels et en renforçant les contrôles.