La Poste doit faire évoluer son modèle dans un climat social tendu

Par latribune.fr  |   |  658  mots
En 2013, la baisse des volumes de courrier de la Poste, liée principalement à la dématérialisation, a été de 5,5%.
La remise en cause du modèle économique du groupe la Poste rend certains salariés mécontents. Des emplois vont être supprimés à cause du recul de l'activité courrier et de la baisse de la fréquentation des bureaux de poste. La direction du groupe s’attelle désormais à trouver des solutions de reconversion.

Ce jeudi midi, une quarantaine de postiers du syndicat Sud des Hauts-de-Seine ont occupé pacifiquement le hall d'entrée du siège social de La Poste dans le 15e arrondissement de Paris. Ces postiers protestaient contre les suppressions d'emplois à prévoir.
Leur mobilisation a contraint la direction du groupe à délocaliser la conférence de presse de présentation des résultats annuels de quelques centaines de mètres.

En réaction à cet évènement, le président de la Poste Philippe Wahl a rappelé, fataliste, que "l'évolution du chiffre d'affaires va avoir un impact négatif sur les emplois" dont les suppressions vont "se poursuivre dans certains secteurs du groupe". Et de reprendre  l'expression de son prédécesseur Jean Paul Bailly : "La Poste est une petite France (268.000 salariés ndlr)".

"C'est la vie"

Dans notre groupe des produits et activités disparaissent, d'autres se créent ou s'accélèrent, et cela nécessite beaucoup d'adaptation et de changement. Il y a toujours des moments de tension, c'est la vie. Ce qui compte c'est d'avoir foi en l'avenir et de communiquer cette vision aux postiers", a-t-il indiqué sobrement. 

L'activité qui concentre le plus de crainte, c'est évidemment l'activité courrier qui, pour la toute première fois en 2014, n'arrivera plus à couvrir les coûts du service universel postal. C'est à dire les prestations minimum prévues par l'Union européenne, comme la distribution à domicile au moins une fois par jour ouvrable. Pour ces obligations, le groupe devra les financer autrement.

La dématérialisation fait baisser de 5,5% les volumes de courrier

En 2013, la baisse des volumes de courrier, liée principalement à la dématérialisation, a été de 5,5% (après un recul de 5,9% en 2012), mais "ses effets ont été compensés à hauteur de 50% par l'augmentation du prix du timbre intervenue en janvier", souligne La Poste. Au final, l'activité Courrier enregistre en 2013 une baisse limitée (-3,5%) de son chiffre d'affaires.
Au final, "les effets du recul des volumes de courrier et de la baisse de la fréquentation des bureaux de poste se sont poursuivis et n'ont pas été totalement compensés par la croissance des autres activités, la maîtrise des charges et les effets des tarifs", résume La Poste.

Le CICE, une bouffée d'oxygène en 2013

Et pourtant, La Poste affiche un bénéfice net en progression de 31% en 2013. Ce, grâce au Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE), voté fin 2012, qui permet une réduction d'impôts aux entreprises pour les aider à restaurer leur compétitivité, et s'applique aux salaires allant jusqu'à 2,5 Smic. Une bouffée d'oxygène sans laquelle la performance du groupe aurait chuté de 30% en raison du recul des volumes de courrier.
Évidemment conscient de cet effet d'aubaine, Philippe Wahl a une nouvelle fois rappelé que "l'équilibre économique de La Poste est atteint dans ses fondements et il est nécessaire de transformer le groupe".

Conseiller bancaire, une solution de reconversion ?

Le groupe aux 22 milliards d'euros de chiffre d'affaires s'appuiera donc en priorité sur des activités comme le Colis-express, le mobile ou la banque. Cette dernière a d'ailleurs enregistré en 2013 une hausse de 2,7% de son produit net bancaire, à 5,54 milliards d'euros, grâce à la progression de l'activité crédits.

La Banque Postale pourrait être une piste de reconversion pour certains facteurs. "620 facteurs sont déjà devenus guichetiers", indique Philippe Wahl. Il n'exclut pas par ailleurs que certains facteurs puissent un jour être formés au métier de conseiller bancaire pour les entreprises. Le groupe a en effet l'objectif de créer 1.000 postes à cet effet.

La réduction des coûts reste prioritaire

Mais qu'on ne s'y trompe pas, il y aura des dégâts dans les années à venir dans les rangs des postiers. Car Philippe Wahl en est convaincu : la pérennité du modèle économique de La Poste passera par la réduction des coûts.