L'année 2014 débute par une progression de 0,3 % du chômage

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  718  mots
Sur fond de renégociation des conditions d'accès à l'assurance chômage, le nombre des demandeurs d'emploi a progressé de 0,3% en janvier
En janvier, le nombre des demandeurs d'emploi a de nouveau augmenté de 0,3%, soit 8.900 chômeurs de plus en catégorie "A". Le gouvernement espère maintenant une baisse du nombre des chômeurs... à la fin de l'année. Il compte pour ce faire sur sa politique en faveur de l'emploi et le pacte de responsabilité.

Les mois passent et…. se ressemblent.  En janvier 2014, pas de miracle de la nouvelle année, le nombre des demandeurs d'emploi a continué d'augmenter : de 0,3% sur un mois - soit le même rythme qu'en décembre - ce qui représentent 8.900 demandeurs d'emploi supplémentaires en catégorie " A ". Sur un an, la progression atteint 4,4%. Si, cette fois, on tient compte des demandeurs d'emploi ayant effectué une activité réduite (les catégories " B et C"), le nombre total des demandeurs d'emploi  "A, B, C" a progressé de 0,5% sur un mois (+ 23.600) et de 5,3% sur un an. Au total, pour la France entière (y compris les Dom), il sont 5.228.800 à être inscrits à Pôle emploi dont 3.576.300 pour la seule catégorie " A". Et même le recul du chômage des jeunes a connu un coup d'arrêt.

Le gouvernement espère maintenant "moins de chômeurs" à la fin 2014

A ce stade, plus question donc de se référer à une mythique " inversion de la courbe du chômage ", qui devait intervenir à la fin de 2013, annoncée à maintes reprises par François Hollande. Cet objectif semble maintenant renvoyé à un avenir plus lointain. A cet égard, ce mercredi 26 février, en marge d'une visite au salon de l'agriculture, le ministre du Travail Michel Sapin a modestement espérer parvenir à "faire reculer le chômage" vers l'horizon fin 2014 : "il doit y avoir moins de chômeurs à la fin de l'année qu'au début", a-t-il affirmé.

L'Unedic table sur 63.000 chômeurs supplémentaires

Et pourtant, c'est loin d'être gagné. La Commission européenne prévoit qu'avec une croissance du PIB de 1% cette année, le taux de chômage augmenterait encore légèrement , passant de 10,8% à la fin 2013 à 11%, pour se stabiliser à ce niveau en 2015. Alors, certes, grâce à l'enrichissement de la croissance en emplois, la France commence à créer des emplois avec un peu moins de 1% de croissance (au lieu de 1,5% il y a quelques années). Mais, parallèlement, la population active, du fait de la bonne tenue de la démographie française, croît encore d'environ 110.000 personnes. Ce qui signifie qu'il faut au moins créer autant de postes, pour ne serait-ce que stabiliser le chômage. Ce qui n'est pas gagné. D'ailleurs, l'OFCE, table sur une légère augmentation de 80.000 demandeurs d'emploi en 2014. Pour sa part, l'Unédic (assurance chômage) estime que 63.200 demandeurs d'emploi sans activité supplémentaires devraient encore venir grossir les rangs des inscrits à Pôle emploi

Le volontarisme gouvernemental

Mais le ministère du Travail n'en démord pas et fait preuve d'un inaltérable volontarisme en rappelant que l'objectif de 100.000 jeunes embauchés en emplois d'avenir a été atteint en 2013 et que 50.000 emplois supplémentaires de ce type sont programmés pour 2014. Il rappelle aussi que les contrats d'accompagnement dans l'emploi (contrats aidés) sont aujourd'hui d'une durée plus longue (12 mois) pour améliorer l'insertion et sont proposés en priorité aux seniors et aux chômeurs de longue durée. Enfin, "le plan des formations prioritaires pour l'emploi, qui a réussi à faire accéder à la formation plus de 30 000 demandeurs d'emploi supplémentaires, se prolonge avec un objectif de 100 000 entrées en formation en 2014 ".

Le pacte de responsabilité à la rescousse

Michel Sapin et les autres membres du gouvernement attendent également beaucoup du pacte de responsabilité pour inverser la tendance. A cet égard, les représentants patronaux et syndicaux se retrouveront vendredi 28 février pour construire des propositions pour les contreparties du pacte, en termes d'amélioration de l'emploi, notamment des jeunes et des seniors, de dialogue social et d'investissement.

Au gouvernement, on cherche aussi à se rassurer en raisonnant en "tendance". Le mois dernier, le ministre du Travail soulignait ainsi - ce qui n'est objectivement pas faux - que l'évolution des demandeurs d'emploi sans aucune activité est passée de +30.000 par mois au 1er trimestre 2013, à +18.000 par mois au 2e, +5.500 par mois au 3e trimestre et +2.500 par mois au quatrième. Certes, mais il ne fallait pas parier trop vite sur une inversion. Car, in fine, si l'augmentation du chômage a été moins forte en 2013 qu'en 2012, 177.800 chômeurs supplémentaires ont quand même poussé la porte de Pôle emploi l'an dernier… Le gouvernement va sans doute se faire beaucoup plus discret sur ses objectifs pour 2014.