Patrick Buisson enregistrait Nicolas Sarkozy, la droite scandalisée

Par latribune.fr  |   |  485  mots
Le site Atlantico, réputé proche de l'ex-président, publie quatre extraits sonores du 26 février 2011, mêlant conversations politiques et privées. (DR)
Il avait assuré ne pas avoir enregistré des conversations avec Nicolas Sarkozy. Finalement, Patrick Buisson, le conseiller venu de l'extrême-droite de l'ancien président de la République a reconnu avoir enregistré des réunions, après la publication d'extraits par le Canard enchaîné et le site Atlantico.

"Une forme de viol", a dénoncé Henri Guaino cité dans ces enregistrements, ancienne "plume" de Nicolas Sarkozy. Selon lui, l'ex-président a le "sentiment d'avoir été trahi". Patrick Buisson a plongé la droite dans la stupéfaction et la colère avec la révélation de ses enregistrements de réunions à l'Elysée et de conversations privées, qui s'étalent désormais dans la presse.

A 18 jours d'élections municipales dont elle voulait faire le tremplin de sa reconquête, l'UMP est donc, après l'affaire Copé-Le Point, à nouveau la proie à des affaires qui parasitent la campagne. "Le risque, c'est le feuilletonnage", assure un élu UMP.

"Documents de travail"

L'avocat du politologue, Gilles-William Goldnadel, a reconnu mardi la véracité des enregistrements opérés par son client, les présentant comme des "documents de travail" :

Patrick Buisson, en tant qu'intervenant essentiel de ces réunions, ne pouvait prendre des notes écrites, il utilisait ces enregistrements pour préparer la réunion suivante. Ils étaient détruits au fur et à mesure sauf manifestement quelques uns qui ont été dérobés et dont il est fait présentement un usage extravagant et pervers.

Patrick Buisson avait été accusé d'avoir "droitisé" à l'excès la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012, stratégie décriée par ses adversaires à l'UMP. Nicolas Sarkozy avait cependant continué à le rencontrer: la dernière fois, ce fut le 11 février, selon une bonne source, à la veille de la brève du Point.

"Tomber de sa chaise"

"Il y a de quoi tomber de sa chaise", s'indigne l'ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, parlant d'une "grande violence".

Le Canard enchaîné consacre une page à une réunion d'avant-remaniement, le 26 février 2011, dans laquelle il est beaucoup question de Brice Hortefeux, très proche de Nicolas Sarkozy et qui va être débarqué de l'Intérieur. "Brice dit que le sentiment d'insécurité a régressé, toutes les études montrent que ce n'est pas vrai", note le président de la République. "En matière d'immigration, Brice est inhibé", répond Patrick Buisson.

Extraits sonores

Le site Atlantico, réputé proche de l'ex-président, publie quatre extraits sonores du 26 février 2011, mêlant conversations politiques et privées. Les deux médias démontrent que son magnétophone continuait à tourner dans les voitures et à son domicile.

Ce mélange d'analyses politiques dans un cadre restreint et de notations relâchées propres au domaine privé risque d'affaiblir Nicolas Sarkozy alors que ce dernier masque de moins en moins son envie de revenir en politique.

Patrick Buisson est aussi impliqué dans "l'affaire des sondages". Un juge enquête sur la régularité des contrats conclus sous Sarkozy, sans appel d'offres, entre l'Elysée et neuf instituts de sondage, dont la société de conseil du politologue, Publifact.

>> Lire : Les dépenses de sondages sous Nicolas Sarkozy à nouveau dans le collimateur