Les collectivités locales françaises sont parmi les plus endettées d'Europe

Par latribune.fr  |   |  566  mots
L’encours de dette des collectivités locales françaises est estimé à 136 milliards d'euros
Elles restent cependant mieux notées que la moyenne européenne, grâce une fiscalité plus résiliente et à leur adossement important à l’État.

En troisième position en Europe pour le montant de leur endettement, les collectivités locales françaises restent toutefois mieux notées que la moyenne européenne par l'agence Standard and Poor's. "Les notations des collectivités locales françaises sont meilleures comparativement au reste de l'Europe, elles se situent dans la catégorie AA (correspondant à un émetteur de haute qualité ndlr)", explique Bertrand de Dianous, un analyste de l'agence de notation.

Ainsi, 68,8% des collectivités françaises sont notées AA, 28,1% A et 3,1% BB. A titre de comparaison, en Europe, 37,1% sont notées AA, 13,9% ont la meilleure note AAA, 9,9% sont notées A et 21,2% BBB. En revanche, 17,9% ont une dette classée dans la catégorie "spéculative".

Un endettement de 140 milliards pour 2014

Les collectivités locales françaises sont donc en bonne position à l'échelon européen. L'encours de leur dette est estimé au 31 décembre 2013 à 136 milliards d'euros et prévu à 139 à 140 milliards pour 2014 (72% des recettes courantes), certes loin derrière l'Allemagne et l'Espagne, dont les budgets sont beaucoup plus décentralisés. Quant au recours à l'emprunt, il devrait être stable à 16 milliards d'euros en 2014. Sur ce point les collectivités hexagonales se situent à la 7e place en Europe de l'Ouest, loin derrière l'Allemagne (144 milliards) et l'Espagne (55 à 60 milliards d'euros).

Plus concrètement, "l'Ile de France et la Bavière, en Allemagne, ont environ la même population (12 millions) mais la Bavière a un budget 15 fois supérieur à celui de l'Ile de France", fait remarquer M. de Dianous. "Un Land allemand a un budget de 3.000 euros par habitant, une région espagnole de 2.500 à 3.000 euros, comme en Italie, tandis que pour une région française ce chiffre est de 300 euros par habitant et, pour un département, de 800-900 euros", précise-t-il.

Des financements de plus en plus désintermédiés

Ces dernières années, les collectivités françaises se sont lancées dans le financement sur les marchés. "La France était une exception, elle ne l'est plus", avec 15% des flux d'emprunt réalisés sur le marché obligataire contre seulement 3 à 4% en 2007-2008, a fait remarquer l'analyste Valérie Montmaur. La création de l'agence France locale (AFL) qui sera opérationnelle à la fin 2014 ne fera qu'accroitre cette part. Elle permettra aux collectivités d'accéder plus facilement au marché obligataire, jusqu'alors réservé aux plus grandes d'entres elles.

"Le marché est non seulement en croissance mais il est plutôt bon en termes de risque: ce sont deux bonnes nouvelles pour les investisseurs", commente ainsi Valérie Montmaur. Car les collectivités locales françaises se caractérisent par une fiscalité rendant leurs recettes peu sensibles à la crise économique ; et par un adossement important à l'Etat, dont les transferts représentent environ 45% de leurs recettes, explique l'agence de notation.

Les collectivités françaises ne sont pas à l'abri

"Jusqu'à présent, le secteur (des collectivités locales ndlr) a été relativement épargné par les plans de rigueur, puisque les dotations sont annoncées en baisse de seulement 3% en 2014 et 2015", souligne Mme Montmaur.
Mais la situation pourrait évoluer. Le 27 février dernier, la ministre déléguée à la Décentralisation, Anne-Marie Escoffier, avait en effet admis à l'issue d'une réunion à Matignon avec les Maires de France, que les collectivités n'étaient "pas à l'abri" d'un effort plus important que celui déjà demandé pour cette année et l'an prochain.