Après Louvois, le gouvernement abandonne un second logiciel de paye des fonctionnaires

Par latribune.fr  |   |  478  mots
Lancée en 2007 pendant la présidence de Nicolas Sarkozy, l'idée d'un logiciel de paye unique pour les fonctionnaires a fait long feu. (DR)
A la suite d'un audit, le ministère du Budget a annoncé mettre un terme au développement d'un logiciel de paie des fonctionnaires, qui a déjà coûté 230 millions d'euros. Fin novembre, Jean-Yves Le Drian avait annoncé la fin du logiciel de paye des militaires, le "désastre" Louvois.

Un seul prestataire pour gérer la paye de quelque 2,4 millions d'agents de l'Etat. L'idée d'un opérateur national de paye (ONP), lancée en 2007 pendant la présidence de Nicolas Sarkozy, devait permettre de réduire les effectifs consacrés au traitement de la paye, alors évalué à quelque 12.000 agents.

Mais, explique lundi l'actuel ministère du Budget, "la solution technique retenue à l'époque d'un nouveau calculateur unique (...) présentait des risques. Donc dès l'été 2012, quand nous sommes arrivés aux responsabilités, nous avons lancé un audit".

Rapport défavorable

Or un rapport rendu récemment sur le sujet "préconise de réorienter le projet car les tests réalisés présentaient des risques sur les payes et des coûts qui allaient être dépassés et très élevés", a ajouté le ministère.

Donc "le gouvernement a décidé d'arrêter les frais", a-t-on poursuivi de même source, précisant que le projet avait déjà coûté "entre 235 et 290 millions" selon qu'on compte ou non les dépenses de personnel.

Économie de "600 millions d'euros" sur 10 ans

Ce logiciel était censé permettre d'"économiser 600 millions d'euros sur les dix années à venir", a assuré le ministère du Budget. Un "exemple d'économie et de sécurité des agents".

D'après le ministère, le gouvernement privilégiera désormais une "approche plus réaliste, plus pragmatique et à moindre coût pour sécuriser et améliorer la gestion des payes" et les quelque 215 agents qui travaillaient dans le service seront "notamment réorientés vers d'autres missions de modernisation".

Dans un communiqué, le syndicat FO finances a estimé pour sa part que l'échec de ce projet était "un gouffre financier" et a fait part d'inquiétudes pour l'avenir des agents concernés.

Le précédent Louvois

Fin 2013, le gouvernement avait déjà annoncé l'abandon du système informatique de paiement des soldes des militaires initié en 2010, le système Louvois, en raison de dysfonctionnements. Jean-Yves Le Drian avait expliqué que ce logiciel de paiement était "un désastre", précisant :

C'est un dispositif qui a été mis en œuvre dans la précipitation, dans la confusion, alors que l'on a supprimé l'ancien dispositif sans vérifier que le nouveau marchait, ce qui a abouti à des situations extrêmement pénibles.

En avril de la même année, devant la commission Défense de l'Assemblée nationale, le secrétaire général pour l'administration (SGA), Jean-Paul Bodin avait expliqué que l'armée devait "faire face à des trop-versés d'environ 100 millions d'euros, ainsi qu'à toute une série de reprises d'avance de solde qui n'ont pas été effectuées en 2012, des erreurs d'imputation ou des doubles paiements d'indemnités".

>> Lire : Défense : 100 millions d'euros de solde versés en trop aux militaires