Le fichier des crédits à la consommation censuré par le Conseil constitutionnel

Par latribune.fr  |   |  564  mots
Le Conseil a par ailleurs validé les autres grandes disposition de la loi Hamon contestées par l'opposition, notamment la création d'une action de groupe. (DR)
C'était une mesure phare de la loi de Benoît Hamon sur la consommation, adoptée le mois dernier au Parlement : la création d'un fichier national des crédits à la consommation a été retoquée jeudi par le Conseil constitutionnel.

Une atteinte au droit au respect de la vie privée. Si le Conseil constitutionnel a jugé louable jeudi les motifs à l'origine de la création d'un registre national des crédits à la consommation, il n'en a pas moins censuré cette mesure phare de la loi Hamon adopté la semaine précédente au Parlement. Dans leur décision, les sages du Palais Royal écrivent :

Le Conseil constitutionnel a jugé que la création du registre national des crédits aux particuliers porte une atteinte au droit au respect de la vie privée qui ne peut être regardée comme proportionnée au but poursuivi.

Dispositif surdimensionné

Il estime surdimensionné le dispositif envisagé, en relevant que le fichier voulu par le gouvernement aurait contenu les données à caractère personnel d'un très grand nombre de personnes (plus de 12 millions), alors que plusieurs dizaines de milliers d'employés de crédit auraient été autorisés à les consulter.

Cette lourdeur du dispositif - les données devaient en outre être conservées plusieurs années - faisaient que les sociétés de crédit étaient farouchement opposées à sa création. D'autant que la loi Lagarde, votée sous la précédent gouvernement, a déjà sérieusement bridé leur rentabilité.

Le Conseil constitutionnel a repris ainsi l'argumentaire des sénateurs UMP qui avaient assuré le mois dernier que le respect de la vie privée menacerait la création d'un tel fichier.

Un serpent de mer

L'idée de la création de ce "registre national des crédits aux particuliers" est un serpent de mer que le lobby bancaire a toujours réussi jusqu'ici à faire capoter. Elle avait été relancée en décembre 2012 par le gouvernement à l'issue de la conférence nationale de lutte contre la pauvreté.

Le projet ne figurait pas dans la première mouture de la loi Hamon, mais avait été réintroduite par la suite par le gouvernement par voie d'amendement. Bercy faisait alors valoir que 87% des dossiers de surendettement déposés en 2012 comportaient des crédits à la consommation.

Pour désamorcer les critiques sur la lourdeur du dispositif, qui aurait pu concerner 25 millions de personnes, le gouvernement en avait exclu les crédits immobiliers et les crédits renouvelables non utilisés.

"Verrue"

Alain Bazot, président de l'association de consommateurs UFC Que Choisir, s'est déclaré auprès de l'AFP "très satisfait que cette verrue ait été supprimée du texte" :

On n'avait pas compris l'entêtement du gouvernement sur un dispositif qui n'était pas dans le projet de loi initial, et sur lequel il avait été alerté par le Conseil d'Etat. Il s'est entêté sur un dispositif dont on n'a cessé de lui dire qu'il était coûteux et inefficace.

Le fichier positif belge "n'a pas empêché l'augmentation très importante du surendettement des Belges", a fait valoir Alain Bazot.

Le reste du texte validé

Le Conseil a par ailleurs validé les autres grandes dispositions de la loi Hamon contestées par l'opposition, notamment la création d'une action de groupe, qui permet aux consommateurs de se regrouper pour obtenir plus facilement réparation d'un préjudice.

Il a aussi validé les disposition du texte sur la vente de produits d'optique et sur le droit de résiliation unilatéral du contrat d'assurance garantissant un emprunt immobilier.