Assurance chômage : les réactions

Par latribune.fr  |   |  641  mots
Pour le ministre du Travail Michel Sapin, l’accord obtenu "permettra d'assurer, pour les deux prochaines années, la pérennité d'un régime qui joue un rôle majeur pour notre cohésion sociale"
L’accord sur de nouvelles règles d'indemnisation pour 2,2 millions de chômeurs entérinée cette nuit par les partenaires sociaux provoque des réactions mesurées.

A l'issue d'une négociation marathon achevée dans la nuit de vendredi à samedi, les partenaires sociaux sont difficilement parvenus à un accord sur de nouvelles règles d'indemnisation pour 2,2 millions de chômeurs, qui instaure dès le 1er juillet un système de "droits rechargeables" mais, pour dégager des économies, durcit aussi le régime des cadres, des seniors et des intermittents. C'est pourquoi les réactions des parties prenantes à l'accord sont mesurées

Le régime pérennisé deux ans

Prudent, le ministre du Travail, Michel Sapin, a déclaré que l'accord obtenu "permettra d'assurer, pour les deux prochaines années, la pérennité d'un régime qui joue un rôle majeur pour notre cohésion sociale". Malgré un "contexte défavorable", a-t-il relevé dans un communiqué.
Cet accord "va renforcer la sécurisation de l'emploi avec la mise en oeuvre des droits rechargeables", permettant à tous les demandeurs d'emploi d'accumuler les droits à indemnisation chaque fois qu'ils retravaillent, alors qu'ils en perdaient auparavant une partie. "L'indemnisation des salariés précaires qui alternent emploi et chômage s'en trouvera améliorée, comme l'encouragement à la reprise d'un emploi", a-t-il noté.

Une "négociation croquignolesque"

Stéphane Lardy de FO s'est pour sa part montré satisfait qu'"entre 250 et 300.000 personnes vont ainsi voir leur durée d'indemnisation allongée". Même si "on a évité le pire" après cette "négociation croquignolesque", a-t-il estimé, soulignant que les syndicats avaient obtenu le maintien des régimes spécifiques des intermittents du spectacle et des intérimaires, dont le patronat (Medef, CGPME, UPA) demandait la tête.

Les droits rechargeables "toucheront potentiellement des millions de gens" et "permettront de mieux prendre en compte la précarisation du marché du travail", s'est quant à elle félicitée Véronique Descacq, de la CFDT.

Yves Razzoli, de la CFTC, trouve son côté le "texte relativement équilibré", "raisonnable et raisonné". "L'effort demandé aux chômeurs est acceptable, car il est compensé par d'autres mesures, comme les droits rechargeables", assure-t-il.

"Une premier pas" pour le Medef

Cette nouvelle convention prévoit 400 millions d'euros d'économies, autant d'efforts demandés aux demandeurs d'emploi indemnisés car le patronat a obtenu que les cotisations des entreprises restent inchangées.
Pour le Medef, qui a tout de même été obligé de revoir à la baisse ses velléités d'économies, "il ne s'agit que d'un premier pas vers une réforme encore à construire" pour "permettre un retour à l'équilibre du régime".

La CGT vent debout contre le projet

Eric Aubin, de la CGT, ne voit a contrario dans cet accord que "des sacrifices ou des reculs pour les demandeurs d'emploi", "aboutissement de discussions de couloirs auquel le ministère a participé". Il a prévu que la "mobilisation continuerait".
La CGT n'est pas satisfaite de la façon dont a été simplifié le système d'"activité réduite", qui permet à plus d'un million de chômeurs de cumuler petits boulots et allocations. Jugé trop complexe, ce dispositif génère actuellement beaucoup de "trop perçus" que les chômeurs doivent ensuite rembourser. Selon le syndicat, le nouveau système ferait surtout des perdants chez les demandeurs d'emploi, qui toucheraient des allocations inférieures à celles perçues avec le dispositif actuel.

"Le Medef a atteint son objectif, toutes les économies ont été faites sur les demandeurs d'emplois", notamment les cadres, a également déploré Frank Mikula, de la CFE-CGC.

Le texte présenté par le patronat a recueilli un premier avis positif de trois syndicats (CFDT, FO, CFTC). La CGT et la CFE-CGC s'y sont opposés.

Les partenaires sociaux n'ont en revanche pas touché aux grandes règles de l'assurance chômage: ouverture de droits à partir de 4 mois de travail, indemnisation selon la règle du "un jour travaillé, un jour indemnisé".