Nourrir le monde, la belle ambition française

Par Fabien Piliu  |   |  1008  mots
La prochaine exposition universelle se déroulera du 1er mai au 31 octobre 2015 à Milan.
En 2015 à Milan, le thème de l’exposition universelle sera « Nourrir la planète, énergie pour la vie ». Un thème taillé sur-mesure pour les entreprises françaises du secteur agro-alimentaire, même si la concurrence est de plus en plus rude.

L'ambition est belle ! Du 1er mai au 31 octobre 2015, c'est à Milan que se tiendra la prochaine exposition universelle. Cinq après la fastueuse fête de Shanghai qui mettait la ville à l'honneur, le thème de cette exposition sera " Nourrir la planète, énergie pour la vie ". Un thème dont la valeur humaniste est forte, conformément au protocole du Bureau international des expositions (BIE). Celui-ci indique en effet qu'une exposition universelle " est une manifestation qui, quelle que soit sa dénomination, a un but principal d'enseignement pour le public, faisant l'inventaire des moyens dont dispose l'homme pour satisfaire les besoins d'une civilisation et faisant ressortit dans une ou plusieurs branches de l'activité humaine les progrès réalisés ou les perspectives d'avenir ".

" La France a une jolie carte à jouer car le savoir-faire de son industrie agro-alimentaire est incomparable. Des artisans aux entreprises multinationales qui dynamisent l'ensemble de nos territoires, les forces françaises sont multiples ", explique à La Tribune Nicole Bricq, la ministre du Commerce extérieur.

Une offre reposant sur quatre piliers

Concrètement, la présence française dans la cite lombarde reposera sur quatre piliers : favoriser l'autosuffisance alimentaire mondiale en participant à l'approvisionnement des pays aujourd'hui déficitaires, produire plus et produire mieux pour répondre aux besoins quantitatifs croissants tout en préservant les potentialités naturelles de la planète, permettre aux pays en développement d'améliorer leur capacité d'autosuffisance alimentaire et enfin, allier quantité et qualité en veillant à la sécurité sanitaire, l'équilibre nutritionnel, la dimension « plaisir » et les savoir-faire culinaires. Sur ce point tout particulièrement, la renommée de la France n'est plus à démontrer. Le comité intergouvernemental de l'Unesco n'a-t-il pas inscrit le " repas gastronomique des Français " au patrimoine de l'humanité en 2010 ?

Une ambition présidentielle

Avec ses priorités, le commissariat suit à la lettre la feuille de route tracée par François Hollande en septembre au salon « Space » de Rennes.

" La donne planétaire, change. La demande en produits agricoles, agroalimentaires, augmente, du fait de l'augmentation de la population mondiale et se transforme avec l'élévation du niveau de vie dans les pays émergents. Dans ce contexte, les cours des produits agricoles se sont progressivement raffermis et il est raisonnable de penser que nous sommes entrés dans une hausse tendancielle des prix mondiaux, ce qui n'exclura pas conjoncturellement les à-coups et les baisses, mais c'est un défi considérable, un défi de production, un défi de qualité.

Pour nourrir le monde, toutes les agricultures de tous les pays doivent être mobilisées mais la nôtre est de notre responsabilité. Nous devons aider les autres pays à produire davantage. Nous devons nous-mêmes saisir l'opportunité, parce que nous sommes un grand pays agricole et moins exposé que d'autres aux risques climatiques. Regardez ce qu'il se passe en ce moment. Notre agriculture a donc un rôle majeur à jouer dans la fourniture de denrées agricoles et dans l'équilibre des marchés mondiaux. C'est l'objectif que je lui fixe. La France doit contribuer à nourrir la population de la planète et à agir ici pour l'emploi et pour nos territoires ", avait déclaré le président de la République.

Un secteur très concurrencé

Actuellement, le secteur agroalimentaire et ses 13.000 entreprises est l'un des rares à afficher une balance commerciale excédentaire. Elle s'est élevée à 11 milliards d'euros.

Mais parce que la France se fait tailler des croupière par certains de ses partenaires, notamment allemands et italien, qu'elle est passée du quatrième au cinquième rang mondial des pays exportateurs en 2012 - devancée par les Etats-Unis, en tête, les Pays-Bas, l'Allemagne et le Brésil - la ministre espère que cet évènement mondial permettra aux entreprises françaises de capter de nouveaux marchés et les incitera à relever la gamme de leurs produits. 

" Nous sommes très bien positionnés dans des segments bruts mais moins bien positionnées dans les segments de produits transformé. Ainsi, nous exportons énormément de broutards, qui reviennent dans nos assiettes sous la forme de charcuterie dont le prix au kilo a grimpé en flèche. Sur ce point, il faut prendre exemple sur nos amis italiens », estime la ministre.

Le jeu en vaut la chandelle. En effet, selon les calculs de Bercy, 1 milliard d'euros de plus à l'exportation, c'est 10.000 emplois créés en France.

Des partenaires privés sont recherchés

Austérité oblige, le budget du Commissariat général de la France est réduit. Après avoir dépensé 60 millions d'euros en 2010, les six ministères contribuant au financement du projet - Agriculture, Affaires étrangères, Enseignement supérieur et Recherche, Affaires sociales et Santé, Ecologie et Economie et Finances - ne mettent que 20 millions d'euros sur la table. Une enveloppe que le Commissariat espère faire grimper à 30 millions d'euros grâce aux concours de partenaires privés.

 Une halle à la Baltard

Le pavillon français, dont la maquette sera dévoilée par François Hollande, le président de la République le 15 avril, sera donc moins tape-à-l'œil qu'à Shanghai. Réalisé en grande partie en bois - il sera ensuite démonté et réutilisé -, il aura l'aspect d'une halle « Baltard » à l'image de celles qui existaient dans le centre de Paris jusqu'à la fin des années 60.  

Proche de l'allée centrale, ce qui devrait lui permettre d'être très visible des 20 millions de visiteurs attendus, il devrait néanmoins souffrir de la comparaison avec celui érigé par l'Italie, trois fois plus grand. " En tant que pays organisateur, l'Italie a l'intention de faire une jolie démonstration de force ", confie-t-on au Commissariat. Alors que l'excédent commercial agroalimentaire franco-italien a tendance à se réduire depuis trois ans, que l'Italie a ravi à l'hexagone la première place mondiale des pays producteurs de vins, la France est prévenue. Pour ceux qui en doutaient, cette célébration donne surtout l'occasion aux pays d'affirmer leur puissance dans le domaine agro-alimentaire.