Le gouvernement blâmé pour les chiffres du chômage

Par latribune.fr  |   |  921  mots
"La colère exprimée par les électeurs dimanche dernier est bien d'abord la conséquence de ce chômage qui ne diminue pas," a commenté Robert Rochefort, vice-Président du Modem. (Photo : Reuters)
Deux jours avant le second tour du scrutin municipal, responsables politiques et syndicaux des deux bords ont appelé le gouvernement à agir au plus vite pour réduire le chômage.

Les très mauvais chiffres du chômage de février sont tombés mercredi soir, en plein dans l'entre-deux tours des élections municipales, et avec eux, sans doute, l'espoir d'un retournement de situation pour la majorité, très chahutée au premier tour. Des responsables politiques aux partenaires sociaux, tout le monde, à sa manière, en appelle à une réaction du gouvernement. Revue de détail.

  • Thierry Mandon, porte-parole du groupe PS à l'Assemblée:

"Ce sont des mauvais chiffres et ça montre qu'il faut faire plus, plus vite, plus fort. Il faut faire plus d'aides aux entreprises, plus d'exigences en contrepartie pour l'emploi, c'est un peu l'idée du Pacte [de responsabilité]. Et puis je pense aussi qu'il faut sortir de la polémique mensuelle sur les chiffres où, nous, on se réjouit, où l'opposition nous explique qu'on a tout faux, alors que de toute façon, tout le monde échoue contre le chômage depuis des années. C'est le moment du pacte, la France doit souder toutes ses forces, sortir de cet hydre qu'est le chômage" (sur BFMTV)

  • Eric Woerth, député UMP, ancien ministre du Travail:

"C'est une crise française, de l'inefficacité française et on le voit aujourd'hui. Les chiffres sont catastrophiques. (...) Il faut faire autrement, il faut changer de politique, il faut réduire réellement les déficits, faire les économies qu'il faut faire, ne pas rater des rendez-vous sans arrêt: le rendez-vous des retraites a été raté, le rendez-vous de l'Assurance chômage a été raté, même le rendez-vous du pacte de responsabilité... (...) Ce n'est pas suffisant, il faut dé-rigidifier le marché du travail" (sur BFMTV)

  • Robert Rochefort, vice-président du MoDem:

"La colère exprimée par les électeurs dimanche dernier est bien d'abord la conséquence de ce chômage qui ne diminue pas. Et les citoyens ne supportent plus ces bricolages d'argumentation mensongers pour cacher une réalité qui génère de plus en plus de drames sociaux et de basculements dans la pauvreté. Le Pacte de responsabilité, doit évidemment faire parti de l'arsenal des mesures mises en oeuvre très rapidement mais il ne générera pas d'effet immédiat et il ne sera pas suffisant. Il est temps de voir qu'autour de nous, d'autres font bien mieux et que le chômage recule. Il est temps de considérer que la France n'est pas une île mais que son destin est européen et qu'il est urgent d'adopter les bonnes pratiques expérimentées ailleurs" (communiqué).

  • Medef: les chiffres confirment "l'urgence des réformes"

"La dégradation continue de la situation de l'emploi dans notre pays doit être un électrochoc pour tous les acteurs. Il nous faut agir vite et fort", estime le Medef. Pour avoir "une dynamique de création d'emplois", il faut "une amélioration des marges des entreprises, donc une baisse massive du coût du travail et de la fiscalité (...) Le Pacte de responsabilité proposé par le gouvernement voilà quelques semaines semble répondre à cette nécessité. Mais il est désormais urgent que le gouvernement précise son contenu".

  • CGT: "Pas de printemps sur le front du chômage !"

"La promesse du 'Pacte de responsabilité' n'incite pas les patrons à créer de l'emploi, au contraire ils en détruisent", estime la CGT. Elle relève que "comme les mois précédents, le chômage de longue durée augmente" et dénonce le fait que "la nouvelle convention d'assurance chômage ne tient pas compte de cette réalité", appelant le gouvernement à ne pas agréer cet accord ratifié samedi par trois syndicats (CFDT, FO, CFTC).

"La CGT appelle les salariés, les privés d'emploi à se mobiliser, notamment à l'occasion de la journée européenne pour l'emploi et l'investissement le 4 avril et lors des mobilisations organisées le 1er mai".

  • Jean-Claude Mailly (Force ouvrière) : "Changer de politique"

"Plus que jamais, un changement de politique s'impose pour soutenir une croissance forte et créatrice d'emplois qui passe notamment, par la relance du pouvoir d'achat, le développement des services publics, de véritables investissements industriels et donc la fin des politiques d'austérité".

Soulignant "l'aggravation" pour les travailleurs de 50 ans et les chômeurs de "longue et très longue durée", le numéro un de Force ouvrière note aussi "une hausse très importante et inquiétante des inscriptions suite à un licenciement économique (+7% sur un mois) alors que la loi dite de sécurisation de l'emploi étaient censés éviter les licenciements économiques avec la création des accords de compétitivité emploi".

  • Laurent Berger (CFDT) : "de très mauvais chiffres"

Le numéro un de la CFDT appelle à "une mobilisation beaucoup plus forte des politiques, des patrons et des syndicats", dans une interview au Figaro.

"Je ne crois pas aux solutions uniques en matière d'emploi, mais sur une mobilisation massive avec un arsenal de mesures. Le gouvernement peut agir à court terme avec les contrats aidés: il pourrait y en avoir quelques dizaines de milliers en plus". Le patronat a "des efforts à faire pour développer et négocier le contrat de génération".

"Pour le plus long terme, il y a le Pacte de responsabilité qui devrait permettre d'accélérer les créations d'emploi, s'il allie montée en qualité de notre économie, notamment via la transition écologique, et création d'emplois", estime-t-il.

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