Mario Monti pourrait devenir ministre français de l'Economie

Par latribune.fr  |   |  598  mots
Mario Monti a dirigé l'Italie de novembre 2011 à mars 2013.
Selon nos informations, le nouveau premier ministre aurait demandé à l'ancien président du conseil italien de prendre la tête d'un grand ministère à Bercy. Pour rassurer l'Europe et les marchés.

Confronté à une difficulté de taille pour le choix de son ministre de l'économie, Manuel Valls, le nouveau Premier ministre, aurait finalement choisi de trancher dans le vif en demandant à l'ancien président du conseil italien Mario Monti de s'installer à Bercy. Depuis sa lourde défaite électorale en février 2013 en Italie, l'homme était très discret de l'autre côté des Alpes. Il avait d'ailleurs été aperçu il y a quinze jours à Paris.

Austérité et réforme

Pour Manuel Valls, le choix de Mario Monti viserait à envoyer un message clair à Bruxelles : la France est sur la voie de la réforme. C'est aussi un message rassurant envoyé aux marchés qui avaient faits de Mario Monti « leur » candidat en Italie. Durant ses 18 mois à la tête de l'Italie, celui qui pourrait devenir le locataire de Bercy avait imposé une austérité violente à son pays, le plongeant dans une longue récession dont il n'est sorti qu'au dernier trimestre 2013. Mais il avait réformé les collectivités locales et le marché du travail. Deux tâches qui l'attendent aussi dans l'Hexagone.

Déficit de 2,8 % dès cette année

Egalement au programme : le retour du déficit des comptes publics sous les 3 % du PIB. Là aussi, Mario Monti avait réussi son pari en Italie. Manuel Valls espère qu'il en sera de même en France. Un collectif budgétaire prévoyant un déficit de 2,8 % du PIB dès cette année serait à l'étude. L'an passé, il était de 4,3 %. Le gouvernement demanderait le droit de légiférer sur ce sujet par ordonnances. Des coupes franches dans le nombre et le statut des fonctionnaires, hors fonctions régaliennes (police, justice, etc.) seraient au programme, ainsi que la suppression des départements urbains et la vente massive d'actifs de l'Etat. Enfin, les allocations familiales - fortement revues à la baisse - seraient placées sous conditions de ressources et attribuées seulement à partir du 4ème enfant, afin de favoriser la natalité « seule force de la France », selon une source proche de Matignon.

Peter Hartz aux « Réformes Structurelles »

Francophone et francophile, Mario Monti est très apprécié à Bruxelles. Il serait officiellement ministre d'Etat, ministre de l'Economie, des Finances, de l'Industrie, des Réformes structurelles et de la Stabilité. Pour rassurer l'aile sociale-démocrate du parti socialiste, qui pourrait être effrayée par l'arrivée de ce centriste au gouvernement, il sera accompagné au « secrétariat d'Etat aux Réformes structurelles nécessaires mais douloureuses » de Peter Hartz, l'artisan des réformes de Gerhard Schröder en Allemagne. Sa tâche : flexibiliser en 18 mois le marché du travail français pour rétablir l'équilibre de l'assurance-chômage, actuellement déficitaire à hauteur de 4,2 milliards d'euros.

Nouveau parti

Avec cette nomination, Manuel Valls espère un « choc » qui permettra à la France de revenir rapidement à une croissance potentielle de plus de 2 % et à l'équilibre des finances publiques. C'est aussi un clin d'œil au modèle Matteo Renzi, patent lors de l'allocution du président de la République. L'objectif est évidemment de remporter la présidentielle de 2017. Mario Monti devrait créer en France son propre parti « Choix Civique » (le même que son parti italien, Scelta Civica). Son symbole devrait être un poisson, le turbot "parce qu'il faut aller vite", affirme un député socialiste qui serait prêt à rejoindre cette formation politique. Plusieurs élus Modem, UDI et CNI pourraient également y adhérer. Le parti aurait un  rôle moteur dans le dispositif politique conçu par l'Elysée pour gagner dans trois ans.