Remplacer l'écotaxe par une vignette, une idée qui divise

Par latribune.fr  |   |  592  mots
La ministre défend depuis mardi l'idée d'instaurer une vignette appliquée aux camions étrangers à la frontière. Reuters
La ministre de l'Ecologie envisage la mise en place d'une taxe ne visant que les camions étrangers, a-t-elle annoncé mardi soir. Une bonne idée pour les uns, "irréalisable" pour d'autres

"Une taxe injuste pour les camions français". Ce sont les mots de la ministre Ségolène Royal qui devraient rassurer les conducteurs de poids lourds et transporteurs de l'Hexagone. L'écotaxe sur les poids lourds de plus de 3,5 tonnes devait servir au financement d'infrastructures de transport. Elle pourrait être remplacée par un prélèvement concernant exclusivement les véhicules étrangers.

L'obligation d'apposer une vignette et d'utiliser l'autoroute

La ministre défend l'idée d'instaurer une vignette appliquée aux camions non-français à la frontière. Elle a aussi suggéré d'obliger ces derniers à utiliser les autoroutes. Elle s'est expliquée : 

"Ce que je cherche aujourd'hui, et le plus rapidement possible, c'est un système qui va faire payer les camions étrangers parce que les camions français paient déjà. Lorsqu'ils font leur plein en France, ils s'acquittent de la taxe sur les produits pétroliers (TIPP) qui sert à entretenir les routes. [...] Les camions étrangers, eux, font leur plein en Belgique, traversent tout le pays en utilisant nos routes parce qu'ils ne veulent pas payer l'autoroute, puis font à nouveau le plein en Espagne."

Une idée bien accueillie par les transporteurs

La fédération de transporteurs OTRE s'est "félicitée d'une telle déclaration qui va dans le sens des propositions qu'elle fait depuis plusieurs mois", la création d'une vignette représentant "une avancée solide" de sortie de crise, a-t-elle indiqué. De son côté, le président de la Confédération française du commerce de gros et international (CGI), Marc Hervouet, s'est également "réjoui" de la piste de la vignette.

Chez les Verts, le chef des sénateur EELV Jean-Vincent Placé a qualifié mardi d'"intéressantes" les pistes envisagées par la ministre de l'Ecologie. Le sénateur de l'Essonne a déclaré à l'émission "Preuves par trois" de Public Sénat/AFP : 

"Il faut absolument trouver les 800 millions d'euros que devait rapporter l'écotaxe et que les collectivités attendent pour financer leurs équipements de transports: on attend pour des projets de tramways, pour des projets de RER, y compris en Ile-de-France"

Un projet "irréalisable au regard des règlements européens"

L'opposition, à travers la voix de Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP), considère aujourd'hui la proposition de Ségolène Royal comme "une bonne idée sur le principe" mais "irréalisable au regard des règlements européens". La députée de l'Essonne a développé : 

"Il y a des règles européennes. On ne peut pas pour le même service ou pour le même usage de la route, faire payer différemment. Sur le principe, ça a l'air d'une bonne idée mais vous ne pouvez pas faire n'importe quoi en la matière. Ségolène Royal fera étudier des propositions alternatives si elle veut mais elle se rendra vite compte de la complexité à la fois technique et juridique du problème".

Nathalie Kosciusko-Morizet a néanmoins rappelé la nécessité de trouver des financements pour l'entretien des infrastructures de transport.

"Je reste persuadée que l'écotaxe est une bonne formule. On a besoin d'un milliard d'euros par an pour réhabiliter les routes et financer toutes les alternatives à la route", a-t-elle encore déclaré.

         >> 100.000 euros par heure : le coût de report de l'écotaxe 

Pour rappel, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault a suspendu en octobre dernier l'entrée en vigueur de l'écotaxe, prévue le 1er janvier 2014, face à la fronde des "bonnets rouges" en Bretagne.