Notre-Dame-des-Landes : Bruxelles ouvre une procédure d'infraction contre la France

Par latribune.fr  |   |  480  mots
Selon la Commission, la France viole une directive européenne sur l'impact environnemental de grands projets
La Commission européenne a ouvert une procédure d'infraction contre la France à propos de l'aéroport nantais.Il est reproché à la France de ne pas avoir mené d'évaluation environnementale sur le projet.

Le projet d'aéroport à Notre-Dames-des-Landes est controversé, jusque dans les plus hautes instances européennes. La Commission a envoyé mercredi 16 avril une lettre de mise en demeure aux autorités françaises. Il s'agit d'une première étape dans la procédure d'infraction pour non-respect de la réglementation européenne.

La France a maintenant deux mois pour répondre

Que reproche la Commission aux autorités françaises? L'Etat n'aurait pas mené d'"évaluation des effets synergiques et des impacts cumulés de l'ensemble des infrastructures du projet d'aéroport Grand-Ouest" au moment de la procédure d'autorisation.

La France entrerait ainsi en violation d'une directive qui impose aux Etats membres de soumettre "à une évaluation stratégique environnementale les plans et programmes fixant le cadre pour la construction d'un aéroport". Cette évaluation doit notamment recenser "les effets notables sur l'environnement, y compris les effets secondaires et cumulatifs".

La Commission invoque également une autre directive qui impose une "évaluation environnementale" des projets d'infrastructures, imposant au maître d'ouvrage de "fournir une description des effets importants que le projet proposé est susceptible d'avoir sur l'environnement".

"Sur le fond du dossier, ça ne change rien"

La préfecture de Loire-Atlantique a dit "prendre acte" de la décision de Bruxelles, y voyant "une petite formalisation des points qui restent à traiter" dans le cadre du "dialogue que nous entretenons avec la Commission européenne depuis plusieurs mois".

"Sur le fond du dossier, ça ne change rien", a-t-on ajouté à la préfecture, en soulignant que la mise en demeure européenne n'annulait pas les arrêtés pris en fin d'année par le préfet en vue d'autoriser le début des travaux.

L'ouverture de la procédure européenne constitue "une première victoire grâce à l'Europe du droit sur la mégalomanie", s'est félicité le député européen Vert, Yannick Jadot, sur son compte Twitter.

La Commission n'est pas à son coup d'essai

Confié en 2010 au groupe Vinci pour remplacer l'actuel aéroport de Nantes-Atlantique, le projet de nouvel aéroport de Notre-Dame-des-Landes, cher à l'ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault, est de facto gelé en raison de procédures engagées par des opposants.

La Commission européenne leur avait porté un coup dur en novembre en donnant son feu vert à l'aide octroyée par l'Etat français pour la construction de l'aéroport, jugée, selon elle, "compatible avec les règles de l'UE relatives aux aides d'État".

A la suite d'une manifestation fin février dans les rues de Nantes qui avait donné lieu à des violences, Jean-Marc Ayrault avait soumis le lancement des travaux à la fin des recours juridiques lancés par les opposants contre le projet.

Cette prise de position a été réaffirmée par la nouvelle ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, dès sa prise de fonctions au début du mois.