Inégalités sociales : la France se place dans la moyenne européenne

Par Giulietta Gamberini  |   |  719  mots
En France, une personne sur cinq était en risque de pauvreté et d'exclusion sociale en 2011, contre une sur quatre dans l'ensemble de l'Union européenne. (Photo : Reuters)
En dépit d'un niveau de vie médian plutôt élevé, la France rejoint la moyenne des 28 Etats membres de l'Union européenne en termes d'inégalités. Grâce à l'importance des transferts sociaux, le taux de pauvreté y est toutefois relativement bas, même s'il a augmenté avec la crise.

La France est plutôt riche mais pas particulièrement égalitaire. Si son niveau de vie médian en 2011 (1720 euros mensuels) la place parmi les cinq pays à revenus élevés de l'Union européenne (avec l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Italie et la Suède), en termes d'inégalités elle se situe dans la moyenne des 28 Etats membres, révèle l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) dans une étude publiée jeudi.

La position médiane occupée par l'Hexagone parmi les pays de l'UE en termes d'inégalités de niveau de vie ressort quel que soit l'indicateur retenu, analyse l'Insee. En 2011, la masse de revenu disponible par unité de consommation détenue par les 20% des Français les plus fortunés était 4,5 fois supérieure à celle des 20% les moins aisés, alors que le ratio de l'Union européenne était de 5,1. L'écart moyen de niveau de vie entre deux personnes prises au hasard dans la population, exprimé en pourcentage du niveau de vie moyen ("coefficient de Gini"), était de 30,5% : la moyenne européenne était de 30,6%.

Moins de pauvreté et d'exclusion sociale qu'ailleurs en Europe

Cependant, si l'on considère les indicateurs de pauvreté et d'exclusion sociale, la position de la France rapportée à celle des autres pays européens est bien plus favorable. Le taux de pauvreté "monétaire", c'est-à-dire le pourcentage de personnes dont le niveau de vie est inférieur au 60% du niveau de vie médian de la population (dit "seuil de pauvreté"), s'élève à 14,1% dans l'Hexagone : il est ainsi de 3 points inférieur à la moyenne européenne.

En intégrant au niveau de vie monétaire deux indicateurs complémentaires, qui tiennent compte des privations subies par le ménage et des durées d'emploi particulièrement faibles, l'on découvre qu'en France une personne sur cinq (11,8 millions de résidents) avait été confrontée au moins à l'une de ces trois situations en 2011, se trouvant ainsi "en risque de pauvreté ou d'exclusion sociale". Dans l'ensemble de l'UE, l'on comptait une personne sur quatre (124 millions d'Européens).

La France se situait d'ailleurs en dessous de la moyenne européenne sur chacune des trois dimensions étudiées. La forme de pauvreté dominante y est celle monétaire.

Le rôle joué par les transferts sociaux est particulièrement important

Parmi les facteurs qui limitent ainsi la pauvreté en France, il faut compter l'importance relative des transferts sociaux, c'est-à-dire des préstations monétaires ayant un objectif de redistribution (allocations familiales ou de logement, indemnités de chômage, minima sociaux). Avant ces transferts, le taux de pauvreté monétaire est en effet de 24% : de 41% supérieur à celui que l'on retrouve après les transferts (14%), analyse l'Insee. Dans l'ensemble de l'Union européenne, les transferts sociaux réduisent la pauvreté monétaire de "seulement" 35%.

Leur impact bénéfique s'est toutefois amoindri en 2010 et 2011 par rapport à la période 2007-2009, observe l'Institut national de la statistiques, en partie à cause de l'augmentation du nombre de chômeurs ne recevant plus d'indemnisation. Plus généralement, si depuis la crise les dépenses de protection sociale au sens large (comprenant retraites et dépenses de santé) ont sensiblement contribué à la stabilisation du revenu des ménages, en croissant dans quasiment tous les pays européens entre 2007 et 2011, ce rôle stabilisateur s'est essoufflé en 2012.

La crise a accentué la pauvreté comme les inégalités

Les disparités de niveaux de vie ont ainsi été particulièrement aggravées par la crise économique en France où, entre 2007 et 2011, elles ont augmenté plus que dans l'ensemble de l'Union européenne : le coefficient de Gini a crû de 0,7%, alors qu'il a reculé de 0,3% dans l'UE.

Le risque de pauvreté ou d'exclusion sociale a aussi augmenté entre 2008 et 2012, bien qu'un peu moins dans l'Hexagone (+0,6%) que dans l'Union (+1%). En France, c'est surtout la pauvreté monétaire qui a crû pendant ces quatre ans (+1,6%), alors que les privations matérielles et la proportion de ménages exclus du marché du travail se sont orientés à la baisse.

Pourtant, entre 2007 et 2011, le niveau de vie médian a aumenté dans l'Hexagone, même si moins significativement que pendant les quatre années précédentes, alors que dans le reste de l'Europe il a diminué de 3,2%.