"Les taxis doivent se battre avec les armes d'aujourd'hui"

Par Mounia van de Casteele et Romaric Godin  |   |  381  mots
Comment moderniser les taxis français ?
Thomas Thévenoud, député de Sâone et Loire et médiateur dans la querelle entre VTC et taxis commente quelques-unes des propositions de son rapport qui sera remis au Premier ministre ce jeudi après-midi.

La maraude peut-elle évoluer avec l'innovation technologique ou devient-elle incompatible avec l'ère du numérique ?

Dans mon rapport, je reprends justement une proposition de Nicolas Colin, concernant l'Opendata des taxis. En contrepartie de la licence, qui est une autorisation de stationnement (ADS) sur le domaine publique, les taxis seront ainsi géolocalisés sur une plateforme publique. Les taxis doivent en effet se battre avec les armes d'aujourd'hui. Quant aux VTC, il faut qu'ils comprennent que leur développement ne peut pas se soustraire à un certain nombre de règles du jeu car le transport de personnes n'est pas une activité comme les autres. On confie sa sécurité à un chauffeur pendant un certain laps de temps. Ce qui obéit à un certain nombre de règles du jeu. C'est d'ailleurs pour cela que je suis contre l'application Uberpop qui permet à des particuliers de faire du taxi clandestin.

Au niveau tarifaire, qu'est-ce qui va réellement changer pour les taxis ?

Je suggère pour les taxis la création d'un forfait aéroport. Les taxis sont restés sur la dimension du taximètre et du taxi réglementé, qui est certes importante, mais ils doivent comprendre que l'apparition du forfait, comme dans la téléphonie mobile, est un véritable "plus". C'est également un élément de modernisation entre le client, l'usager, et le taxi.

Quel rôle peuvent jouer les taxis dans la ville de demain ?

Le taxi est créateur d'emplois car dans une grande métropole comme Paris, c'est un substitut à la voiture individuelle. Dans la ville du futur, ville connectée, intelligente, on aura de moins en moins besoin d'un véhicule personnel. Il faudra donc améliorer l'offre de transports, en commun, de personne, l'autopartage... Indéniablement, ce secteur est un secteur porteur. Les chiffres en attestent: on recense 3,4 taxis pour 1.000 habitants sur le Grand Paris, contre 9 pour 1.000 à Londres et 12 ou 13 pour 1.000 à New York. L'écart, certes important, est toutefois à relativiser. En effet, depuis 2007, les taxis parisiens sont passés de 15.000 à 20.000 et 3.000 VTC se sont créés sur les 18 derniers mois, dans une période de rétractation économique. C'est pourquoi je propose d'organiser cette montée en charge du marché, avec un peu de régulation publique avant d'ouvrir progressivement le marché.