Manuel Valls promet d'épargner les retraités modestes

Par latribune.fr  |   |  649  mots
Lors d'un déplacement en Eure-et-Loir jeudi, Manuel Valls a assuré que le gouvernement "prendrait une mesure forte concernant les retraités modestes", sans plus de détails.
Le Premier ministre a promis une "mesure forte" pour les petites retraites, sans plus de détail, jeudi lors d'un déplacement en Eure-et-Loir. Les syndicats s'interrogent sur la définition d'une "petite retraite".

Qu'est-ce qu'une "petite retraite" ? Telle est la question que se posent les syndicats après l'annonce ce jeudi de Manuel Valls concernant une "mesure forte" en faveur des retraités modestes.

Lors d'un déplacement en Eure-et-Loir, le Premier ministre a assuré que le gouvernement "prendrait une mesure forte concernant les retraités modestes", sans plus de détails. Avant de préciser:

"C'est non seulement la demande du groupe PS, mais aussi de l'ensemble des parlementaires"

Le chef du gouvernement a également indiqué qu'une "clause de revoyure" serait introduite pour revenir en fonction de la croissance sur le point d'indice des fonctionnaires.

Celui-ci s'exprimait au lendemain de la présentation par le gouvernement de son programme de stabilité, qui entérine un gel des pensions jusqu'en 2015. Concrètement, en 2014, celles-ci ne seront pas revalorisées en fonction de la hausse des prix comme chaque année. Mais ce gel ne concerne pas les bénéficiaires du minimum vieillesse (792 euros).

Pour Michel Sapin, une petite retraite serait de 800 euros

La perspective a toutefois alimenté la grogne de certains députés à gauche, inquiets pour les retraites modestes qui se trouvent au-dessus du minimum vieillesse.

Reste à savoir précisément ce que le Premier ministre entend par "mesure forte". Et en premier lieu, quels sont les retraités concernés.

Une petite retraite, "c'est une retraite qui est un peu au-dessus" du minimum vieillesse, soit "800, 900 euros", a affirmé Michel Sapin jeudi au micro de France Info. Et d'ajouter:

"Est-ce qu'on doit essayer de faire un geste pour que ces petites retraites puissent augmenter au cours de l'année qui vient. Je pense que c'est nécessaire", "possible" et "que, dans le dialogue avec notre majorité, nous trouverons des solutions"

"Une usine à gaz discriminante"

Plusieurs syndicats ont toutefois exprimé leur scepticisme auprès de l'AFP:

Ainsi Pascale Coton (CFTC) demande-t-elle:

"Nous aimerions bien savoir ce qu'est une petite retraite"

"Quand il parle de 900 euros, Monsieur Sapin inclut-il les retraites complémentaires ou parle-t-il seulement des retraites de base?", s'est aussi interrogé Philippe Pihet (FO), redoutant la mise en place d'une "usine à gaz discriminante".

Les retraites complémentaires - Arrco pour l'ensemble des salariés du privé et Agirc pour les cadres - complètent la retraite de base. Elles sont gérées par les syndicats de salariés et le patronat, pas par le gouvernement.

Des retraites difficiles à estimer

Aussi, pour le syndicaliste est-il "aujourd'hui, (...) très compliqué techniquement de calculer la pension moyenne d'un retraité". Un sentiment que partage Eric Aubin (CGT) selon qui la mesure sera "compliquée, difficile à mettre en oeuvre", affirmant que 5 millions de retraités sont "polypensionnés", c'est-à-dire qu'ils relèvent de plusieurs régimes.

Pour Philippe Pihet, une "mesure forte" pourrait consister à renoncer au gel des retraites de base inférieures à 900 euros. Mais il estime que cela concerne 75% des 13,5 millions de retraités du régime général (salariés du privé).

Exonérer les plus modestes de CSG ?

Une autre piste serait d'exonérer les plus modestes de CSG (contribution sociale généralisée), selon Pascale Coton. Déjà, les retraités sont asujettis à différents taux de CSG en fonction de leurs revenus: 0%, 3,8% ou 6,6%.

Le gouvernement s'était appuyé sur ce principe pour éviter de taxer les petits retraités lorsqu'il avait instauré en 2013 la contribution additionnelle de solidarité active (Casa), un prélèvement de 0,3% sur les pensions.

Un seuil à 1.120 euros nets pour la CFDT

Pour Jean-Louis Malys (CFDT), "il y a tout un travail de ciblage à mettre en place car la dispersion des régimes empêche d'avoir une vision globale". Mais le gouvernement "sait faire et a les moyens de vérifier l'ensemble du montant des pensions", assure-t-il. Son syndicat plaide pour que le seuil retenu soit équivalent au Smic, soit 1.120 euros nets par mois.

Les Radicaux de gauche, eux, placent la barre à 1.200 euros.