C'est en France que les inégalités de revenu augmentent le moins

Par Ivan Best  |   |  450  mots
Selon des données diffusées par l'OCDE, la minorité la plus riche de la population (1% des ménages) touche une part fortement croissante des revenus aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne. Mais, depuis 1981, cette part n'a pas augmenté en France

Entre le sentiment d'une montée des inégalités en France, et la réalité, il y a commune un hiatus. D'autant plus flagrant si l'on regarde ce qui se passe ailleurs. L'OCDE a publié le 30 avril une nouvelle étude sur la question des inégalités dans les pays riches, avec, notamment, un graphique très parlant sur l'évolution de la part du revenu que s'arroge la minorité la plus aisée, celle du dernier centile (cette fraction représentant 1% de la population, aux revenus les plus élevés).

Aux Etats-Unis, l'augmentation est flagrante : si cette petite minorité avait droit à quelque 8% du gâteau distribué chaque année, en 1981, cette part a grimpé à près de 20% en 2012. Une progression qui risque de se confirmer : comme le montrent les statistiques fiscales américaines, entre 2010 et 2012, toute la progression du revenu est allée dans la poche de cette fraction très aisée des ménages.

En Grande-Bretagne, la hausse est importante, aussi, même si elle est inférieure.

La Suède et la Finlande de plus en plus inégalitaires

Mais le plus surprenant est que, si l'on retient cette mesure des inégalités -il y en d'autres-, il apparaît que dans des pays à forte tradition égalitaire comme la Suède ou la Finlande les écarts de revenus se accrus plus fortement qu'en France, sur cette période 1981-2012. En Suède, par exemple, la minorité des 1% les plus riches percevait moins de 4% de la masse des revenus en 1981. Aujourd'hui, elle touche plutôt 7,5% de ce total.

En Allemagne, où les inégalités étaient déjà plus importantes en 1981, la progression a été moins forte, mais elle n'en demeure pas moins significative.

Stabilité en France

En revanche, en France, cette part n'a quasiment pas bougé. En fait, elle a un peu augmenté au début des années 2000, jusqu'en 2007, mais a diminué ensuite avec la crise, pour revenir à son niveau initial, ou à peine au dessus. En 1981, 1% des foyers percevaient 7% de la masse des revenus distribués (avant impôt). En 2012, cette proportion était plus proche de 8%. Reportée sur le graphique de l'OCDE, cette hausse est proche de l'épaisseur du trait.

L'Insee a publié récemment une étude fondé sur d'autres indicateurs, dont la conclusion était un peu différente, mais non contradictoire : mesurée par le ratio entre masse des revenus perçus par les 20% les plus riches et la masse touchée par les 20% les plus pauvres, le niveau d'inégalité se situe en France dans la moyenne européenne, estime l'Insee. De même si l'on utilise le coefficient de Gini, mesure traditionnelle.

(Article créé le 30/04/2014 à 14:49, mis à jour le 02/05/13 à 08:46)