Hollande annonce à nouveau la reprise

Par Ivan Best  |   |  677  mots
"Le retournement économique arrive" affirme François Hollande. Déjà, en juillet, il avait anticipé sur de bons chiffres, avant une rechute de la croissance. Il annonce un deuxième phase du quinquennat marquée par "une croissance plus forte, une compétitivité plus importante, une redistribution du pouvoir d'achat par une baisse des impôts". Une redistribution qui risque, à l'image de la croissance, d'être en fait bien faible

François Hollande, qui entre la semaine prochaine dans la troisième année de son quinquennat, estime dans le Journal du Dimanche (JDD) que le retournement économique tant attendu en France "arrive" et promet que cette nouvelle phase permettra une redistribution de pouvoir d'achat.

"On est entré dans la deuxième phase du quinquennat", dit le chef de l'Etat, cité par l'hebdomadaire. "Le redressement n'est pas terminé mais le retournement économique arrive."

"Cette phase doit se traduire par une croissance plus forte, une compétitivité plus importante, une redistribution du pouvoir d'achat par une baisse des impôts", ajoute-t-il.

"La France compte si elle a de bons comptes"

Le Premier ministre, Manuel Valls, a fait voter mardi, malgré l'abstention d'une quarantaine de députés socialistes et l'opposition des écologistes, un programme de réduction des dépenses publiques de 50 milliards d'euros sur trois ans.

Ce programme doit notamment contribuer au financement d'une quarantaine de milliards d'euros de baisses de charges sociales et d'impôts pour les entreprises, dont le gouvernement espère une relance des investissements et de l'emploi. Mais il est également censé permettre à la France de ramener ses déficits publics à 3% du PIB en 2015.

"Ce que j'ai appris, c'est que la France compte si elle a de bons comptes", déclare François Hollande au JDD.

Le chef de l'Etat souligne cependant que la baisse du chômage promise pour 2013 mais qui ne s'est toujours pas concrétisée, reste un des fils conducteurs déterminant de sa politique et de son quinquennat. Il avait déclaré le 18 avril à des salariés de Michelin qu'il n'aurait "aucune raison d'être candidat" à sa réélection en 2017 ou "aucune chance d'être réélu" si le chômage ne baissait pas d'ici là.

Des indicateurs encore incertains

Sur quoi se fonde François Hollande pour annoncer que "le retournement arrive"? S'agissant de la conjoncture française, tous les indicateurs sur lesquels se basent les experts de Bercy pour établir leurs pronostics sont publics. Or ceux-ci ne confirment pas l'idée d'un véritable retournement, évoqué par le chef de l'Etat. Selon l'Insee, le climat des affaires dans l'industrie est resté stable en avril, proche de son niveau de moyenne période, mais bien inférieure à son niveau atteint début 2011, par exemple. Les dernières prévisions communes des trois plus grands instituts de statistique européens (l'allemand Ifo, l'Insee français et l'italien Istat) font état d'une croissance de 0,3% par trimestre deux d'ici l'automne. Un rythme à peine supérieur à 1% l'an, qui ne témoigne pas d'une franche amélioration.

Le Haut Conseil des finances publiques, chargé d'examiner de manière indépendante, les prévisions gouvernementale, veut bien avaliser la prévision de croissance de Bercy pour 2014 (1%). Mais il juge beaucoup plus aléatoire celle affichée pour 2015 (1,7%), et encore plus pour les années suivantes (2,25% pour les années 2016 et 2017).

Déjà, début juillet, François Hollande avait annoncé de bonnes nouvelles pour l'économie. Les données concernant la croissance au deuxième trimestre 2013 avaient été favorables, mais, dès le trimestre suivant, il avait fallu se rendre à l'évidence d'une hausse très faible du PIB. L'Insee avait annoncé début août une hausse de 0,6% du PIB pour le deuxième trimestre, ce qui avait suscité des communiqués victorieux du gouvernement -notamment de Jean-Marc Ayrault-,  mais l'économie avait à nouveau reculé au troisième trimestre (-0,1%).

Quelles baisses d'impôts?

S'agissant des allègements fiscaux, ils seront surtout fléchés vers les entreprises, si l'on en croit le plan du gouvernement. Parler à ce propos de "redistribution du pouvoir d'achat par une baisse des impôts", comme le fait François Hollande,  paraît donc bien hasardeux. En effet, les entreprises verraient, si le plan annoncé par Manuel Valls est respecté, leurs impôts baisser de plus de 20 milliards d'ici 2017, tandis que les ménages auraient droit à cinq milliards, principalement à travers une baisse des cotisations salariales au niveau du dmic. Un allègement diminuant en sifflet jusqu'à 1,3 smic.