Croissance zéro en France : juste un accident de parcours ?

Par Fabien Piliu  |   |  518  mots
Pour l'instant, le FMI estime que l'objectif de croissance annuelle est atteignable
La consommation des ménages a fortement reculé, l’investissement des entreprises s’est effondré. Seul le restockage a permis au PIB de ne pas reculer au premier trimestre. L’objectif de croissance du gouvernement est-il menacé ?

L'Insee a déjoué tous les pronostics. Alors qu'à la faveur d'un changement de méthode comptable, l'Institut révisait à la hausse les statistiques macroéconomiques de la France en 2011, 2012 et 2013, elle annonçait ce jeudi une croissance trimestrielle bien plus faible qu'attendue par les économistes. Au premier trimestre, le PIB a simplement stagné quand le consensus anticipait une croissance de 0,2% de l'activité.

L'investissement  est en panne

Tous les indicateurs sont mauvais en ce début d'année. La consommation des ménages a reculé de 0,5%, l'investissement des entreprises a plongé davantage encore, affichant une chute de 0,9% ! Pour mémoire, les industriels envisagent d'augmenter de 4% leurs investissements cette année, effaçant en partie le recul observé en 2012 (-7%). Même si ces intentions sont traditionnellement gonflées en début d'année, ce repli relativement important de la formation brute de capital fixe des entreprises non financières n'augure rien de bon.

Cerise sur le gâteau, les exportations ont reculé de 0,3% et les importations… augmenté, de 1%. Seul indicateur dans le vert ? Le restockage. Celui-ci a contribué à hauteur de 0,6 point à la croissance entre janvier et mars. En clair, si la variation des stocks avait été nulle, l'activité aurait reculé de 0,6% au premier trimestre. Une performance qui vient contrebalancer les récentes déclarations, plutôt optimistes, du gouvernement.

Un objectif de croissance encore réalisable ?

Dans ce contexte, l'objectif de croissance du gouvernement, fixé à 1%, est-il encore tenable ? L'acquis de croissance s'élevant à 0,3% fin mars, le gouvernement possède encore une certaine marge de manœuvre. Mais il ne faudrait pas que les pannes de croissance se multiplient. Il ne faudrait pas non plus que l'économie française subisse des chocs exogènes sur lesquelles elle n'aurait aucun contrôle. La France pourrait-elle encore tenir son objectif si l'euro continue de s'apprécier face au dollar, si ses partenaires européens avec lesquelles la France réalisent près de 60% de son commerce extérieur, à l'exception de l'Allemagne, affichent des performances comparables ? Rien n'est moins sûr. Au premier trimestre, le PIB a reculé de 0,1% en Italie, de 0,4% en Finlande et de 1,4% aux Pays-Bas.

Pour l'instant, le Fonds monétaire international (FMI) estime que les mesures prévues dans le cadre du pacte de responsabilité permettraient d'atteindre une croissance d'environ 1% seulement cette année, et de 1,5% en 2015. Mais on ne sait pas si ces commentaires, intégrés à l'évaluation annuelle de l'économie française dévoilée ce jeudi, ont intégré la panne de croissance observée au premier trimestre.

Des réformes à mener

Toujours est-il que le Fonds signale le risque d'un essoufflement de la reprise et prévenu que le taux d'inflation pourrait demeurer proche de 1%, compte tenu de l'importance des capacités inutilisées dans l'économie tricolore. Estimant que le pacte de responsabilité pourrait ne pas suffire à stimuler la croissance et l'emploi, le FMI conseille par ailleurs à la France devrait également assouplir davantage son marché du travail en accordant une plus grande marge de manœuvre aux entreprises et aux syndicats pour négocier les conditions d'embauche et de licenciement.