"Le projet européen, ce trésor" : la tribune de Sarkozy en 10 points

Par latribune.fr  |   |  778  mots
"Ayons la franchise de dire que le mythe d'une Europe unique a volé en éclats depuis l'adoption de la monnaie unique par 18 pays sur 28", déplore Nicolas Sarkozy dans Le Point.
"Une grande zone économique franco-allemande cohérente et stable au cœur de la zone euro", "le mythe d'une Europe unique a volé en éclats", voici les principales déclarations de l'ancien président de la République dans Le Point.

Voici les principales déclarations de l'ancien président Nicolas Sarkozy dans une tribune sur l'Europe à paraître ce jeudi dans l'hebdomadaire français Le Point et le quotidien allemand Die Welt:

"- D'aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours senti viscéralement français (...) La France a toujours coulé dans mes veines aussi naturellement que mon sang (...) Je sais maintenant que l'on n'est pas seulement d'un pays, que l'on appartient tout autant à un continent (...)

- (Les Français), je comprends leurs exaspérations et leurs colères (...)

- Aujourd'hui, le débat européen se déroule dans un climat d'indifférence et de sourdes hostilités qui laissent pantois. Or, l'indifférence est suicidaire car en Europe se joue une partie substantielle de notre avenir. Quant à l'hostilité, elle est profondément injuste au regard de ce que l'Union Européenne nous a apporté de décisif avec la paix (...) Je le dis comme je le pense. Vouloir la destruction de l'Europe, c'est mettre en péril la paix sur le continent européen. Jamais je ne pourrai l'accepter. Jamais je ne pourrai m'y résoudre (...) L'Europe de la paix, ce n'est pas une formule creuse, à l'heure où tout le pourtour de l'Union européenne s'embrase (...)

- (L'Europe) nous protège des dérives idéologiques de nos gouvernants et des majorités qui les soutiennent (...) Imaginons tel ou tel de nos responsables d'aujourd'hui libre d'appliquer sans limite son idéologie si fermée aux réalités du monde du 21e siècle (...) Impôts sans limite, dépenses publiques sans frein ni contrôle, déficits explosés, nivellement généralisé (...) L'Europe peut limiter les dérives les plus caricaturales et encadrer (un peu) les dégâts les plus criants. L'Europe oblige les plus idéologues à accepter un peu de bon sens et de raison (...)

- (Nous sommes) capables de coexister, de fraterniser, de défendre nos justes intérêts ensemble face au reste du monde, et, même de promouvoir un modèle de civilisation européenne (...)

- Je plaide clairement pour la création d'une grande zone économique franco-allemande cohérente et stable au coeur de la zone euro qui nous permettra d'abord de mieux défendre nos intérêts face à la concurrence allemande en gommant nos handicaps fiscaux et sociaux et (...) de prendre le leadership des 18 pays qui composent notre union monétaire. Inspirons-nous de ce qui marche en Allemagne et des réussites de la France. Imposons un équilibre dans nos rapports. Défendons nos lignes rouges (...) Si les deux plus grandes puissances économiques européennes font le choix de la convergence économique et fiscale, la zone euro en sera profondément renforcée et la stabilité de notre continent sera assurée (...)

- Que chacun ait le droit de circuler librement en Europe est une chance (...) Ceci posé, on ne peut continuer à refuser d'affronter calmement, sereinement la question de la politique migratoire européenne. Nous sommes ici devant un échec sans appel (...) C'est une évidence qu'il faut suspendre immédiatement Schengen I et le remplacer par un Schengen II auquel les pays membres ne pourraient adhérer qu'après avoir préalablement adopté une même politique d'immigration. Ainsi serait-il mis fin au détournement de procédure qui permet à un étranger de pénétrer dans l'espace Schengen, puis une fois cette formalité accomplie de choisir le pays où les prestations sociales sont les plus généreuses. Nous n'avons pas voulu l'Europe pour que soit organisé un dumping social et migratoire au détriment quasi systématique de la France (...) Si nous ne réagissons pas rapidement dans les années qui viennent, c'est notre pacte social qui va exploser (...)

- Ayons la franchise de dire que le mythe d'une Europe unique a volé en éclats depuis l'adoption de la monnaie unique par 18 pays sur 28. Non seulement il n'y a plus une Europe mais deux. Et de surcroît ces deux Europes ont aujourd'hui besoin de refonder leurs stratégies dans des directions différentes (...)

- Il faut aujourd'hui agir de façon drastique en supprimant pas moins de la moitié des actuelles compétences communautaires qui devront demain être assumées par les Etats nationaux et en regroupant les compétences de l'Europe en une petite dizaine de politiques prioritaires et fondatrices: l'industrie, l'agriculture, la concurrence, les négociations commerciales, l'énergie, la recherche (...)

- Les dérives (de l'Europe) doivent être corrigées mais le projet doit être préservé. C'est rien moins qu'une question de civilisation. Ne laissons pas détruire ni aujourd'hui ni demain ce trésor!"