"La primaire UMP devrait être ouverte aux centristes du Modem et de l'UDI"

Par Propos recueillis par Jean-Christophe Chanut  |   |  596  mots
Hervé Mariton (UMP) ne croit pas à un risque de scission au sein du parti
Hervé Mariton, député de la Drôme et en charge du projet à l'UMP, tire les leçons du scrutin européen. Il souhaite que le prochain président de l'UMP ne soit pas candidat à la primaire. Selon lui, cette primaire qui doit être ouverte aux centristes de l'UDI et du Modem, devrait avoir lieu fin 2015.

Quelle est votre analyse de la situation française au lendemain du scrutin européen ?

Je crois que ces élections ont souligné deux choses. D'abord que les Français ont sanctionné lourdement l'échec de la majorité en place depuis deux ans. Ensuite, les résultats ont montré que l'opposition, c'est-à-dire l'UMP,  n'a pas totalement assumé l'échec de 2012. Or, moi je l'assume, nous n'avons pas su convaincre en 2012, nous avons eu des insuffisances et des lacunes. C'est pour cela que nous avons perdu.

Avec le résultat de dimanche, nous payons aussi l'insuffisance d'explication sur la question européenne. Pourtant, nous devrions nous réjouir, car au niveau européen c'est le parti auquel l'UMP adhère, le PPE, qui arrive en tête. Mais ce n'est pas le cas de l'UMP dans la circonscription France. Nous payons notre incapacité à expliquer ce qu'est l'Europe.

Nous avons un déficit considérable d'explication sur ce que serait le décrochage, le déclassement de la France si on sortait de l'Euro. Et pourtant, dans un tel cas de figure, que de dégâts sociaux et économiques !

 Oui, mais on a du mal à comprendre quelle est la ligne de l'UMP sur l'Europe, C'est celle d'Henri Guaino ou celle d'Alain Lamassoure ?

 -  N'exagérons pas, la ligne souverainiste d'Henri Gaino est très minoritaire. Et Alain Lamassoure a très bien su enrober sa position fédéraliste. Je ne suis pas pour une harmonisation systématique de tout en Europe. Il y a des harmonisation idiotes. Mais une Europe anti-fédéraliste systématique, celle de l'Europe des Nations, conduirait à l'Europe voulu par les Anglais, encore plus libérale. Il faut garder le principe de la libre circulation des biens et des personnes. Ceci dit, on aurait eu besoin d'une campagne électorale plus longue sur l'Europe pour expliquer tout ça.

 Que pensez-vous de ce qui vient de se passer au bureau politique de l'UMP avec la démission de Jean-François Copé ?

-  Au regard de la situation d'aujourd'hui, je pense que c'est le schéma le plus convenable qui a été décidé. Ceci dit, entre maintenant et l'automne il faut bien garder en tête que l'on a décidé d'organiser des primaires pour l'élection présidentielle de 2017. Aussi, pour éviter la confusion, il faut que le nouveau président qui sera élu ne soit pas candidat aux primaires. Il faut aussi que ces primaires soient ouvertes à l'UDI et au Modem, ce qui serait plus facile que de demander à ces partis de se rallier à l'UMP.

Nous avons tout intérêt à ce que la jonction avec les centristes se fasse au moment de la primaire. Il faut qu'il y ait des débats car nous n'avons pas vocation au sein de l'UMP à être tous sur la même ligne. Il faut assumer une certaine pluralité Je verrai bien l'organisation des primaires à la fin 2015. Ceci va être un moment important, il ne faut donc pas l'organiser trop tard pour laisser ensuite un temps au rassemblement.

 Mais vous ne croyez pas à une possibilité de scission au sein de l'UMP ?

 - Je ne crois pas à la scission, dès lors que nous avons une organisation cohérente vis-à-vis des primaires et que nous travaillons sur un projet neuf, clair et innovant. Ce projet doit aussi être énergique, sans aller aux extrêmes. Depuis le scrutin européen de dimanche, je n'ai encore entendu ou vu personne à l'UMP prôner une alliance ou une entente avec le Front National, ce n'est pas dans notre culture.