Réforme territoriale : François Hollande a-t-il créé des régions de dimension européenne ?

Par Fabien Piliu  |   |  631  mots
La réforme territoriale souhaitée par François Hollande ne bouscule pas l'ordre européen
En attendant que les économies et les synergies engendrées par la réforme territoriale souhaitée par François Hollande soient connues, les fusions entre régions donneront-elles naissance à des géants européens ?

Dévoilée mardi, la réforme territoriale souhaitée par François Hollande devrait porter de 22 à 14 le nombre des régions de la France métropolitaine. Devraient ? Lors d'un entretien sur BFM-TV, Manuel Valls, le Premier ministre a laissé penser que des aménagements au projet élyséen pouvaient être envisagé. En attendant l'issue des discussions, ces fusions donneront-elles naissance à des poids lourds européens ?

L'Ile-de-France, première région économique d'Europe

Une chose est certaine, l'Ile de France non concernée par cette réforme devrait conserver la tête du classement établi par Eurostat, établi en fonction de leur PIB. La région francilienne affichait un PIB de 588,9 milliards d'euros en 2012 selon l'office européen des statistiques, talonnée par les Länder allemands de Rhénanie Nord-Westphalie (552,8 milliards d'euros), la Bavière (435,1 milliards d'euros), le Bade-Wurtemberg (362,1 milliards d'euros) et par Londres (362 milliards d'euros).

La fusion des régions Rhône-Alpes et Auvergne dont les PIB atteignaient respectivement 186,2 et 32,7 milliards d'euros permettrait à la nouvelle région de se classer à la neuvième place européenne, avec son PIB de 218,9 milliards d'euros. Jusqu'à présent, la région Rhône-Alpes était au treizième rang, l'Auvergne, au 103ème.

Statu-quo pour cinq régions

Également non concernées par cette réforme, Nord-Pas de Calais, Pays de Loire, Aquitaine et Bretagne, jusqu'ici aux situés aux 19ème, 37ème, 39ème, 44ème et 48ème rang, cèderaient quelques places au classement en raison des fusions envisagées par le chef de l'Etat. En revanche, la Corse, dont le PIB annuel s'élève à 7,7 milliards d'euros, ce qui en fait la région française la plus modeste, resterait au 190ème rang.

Bien qu'exemptée par la réforme, Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) cèderait sa 37ème place à la nouvelle région née de la fusion de Midi-Pyrénées (49ème position, 75,5 milliards d'euros) et Languedoc-Roussillon (58ème position, 61,1 milliards d'euros) qui afficherait un PIB de 136,6 milliards d'euros.

Joli bond dans le classement pour la région Centre-Poitou-Charentes-Limousin

Cette nouvelle région ne serait pas la seule à faire un bond dans le classement d'Eurostat. En effet, la fusion entre le Centre (57ème place, 63,7 milliards d'euros), Poitou-Charentes (81ème place, 42,3 milliards d'euros) et Limousin (140ème place, 16,9 milliards d'euros), place  cette nouvelle entité en 26ème position !

Avec des PIB respectifs de 51,2 et 53,9 milliards d'euros, la Lorraine (63ème place) et l'Alsace (67ème) se hisseraient à la 32ème place.

Et les autres ? Avec un PIB de 82,5 milliards d'euros, la Normandie "unifiée" se classerait en 46ème position quand la Haute Normandie et la Basse Normandie figuraient jusqu'ici aux 72ème et 96ème rangs.

Classées avant la réforme en 80ème et 97ème position, Picardie et Champagne-Ardenne feraient un bon au classement pour atteindre, avec un PIB de 77,5 milliards d'euros, la 49ème et talonner la Bretagne.

Pour la Bourgogne (84ème rang avec un PIB de 40,7 milliards d'euros) et la Franche-Comté (112ème rang, 27,8 milliards d'euros), le bond dans le classement serait également significatif. Avec un PIB de 68,5 milliards d'euros, la nouvelle entité se hisserait au 53ème rang européen.

L'objectif est-il atteint ?

Que faut-il retenir de ces calculs ? Si les économies et les synergies que devraient provoquer ce big bang régional restent encore bien difficiles à évaluer - l'exécutif se serait autrement empressé de les communiquer -, il faut bien admettre qu'en dépit des remontées parfois spectaculaires de certaines régions françaises dans le classement européen, l'objectif de créer des poids lourds à l'échelle du Vieux continent n'est pas véritablement atteint. A l'exception de Rhöne-Alpes et Auvergne qui s'immiscent à la neuvième place et de la région née de la fusion entre Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon qui s'installe à la 19ème place, aucune région ne vient bousculer le top 20 d'Eurostat.