Trois millions d'euros : ce que le groupe UMP a prêté à son parti

Par latribune.fr  |   |  562  mots
"On n'est pas sur un don, on est sur un prêt, je ne vois pas ce qu'il y a d'illégal là-dedans", a expliqué Christian Jacob. (Photo: Reuters)
Le président du groupe parlementaire UMP, Christian Jacob, a confirmé samedi l'existence de ce prêt, révélé par Mediapart. Accordé par le groupe à l'UMP en 2012, au lendemain des élections législatives, il n'a jamais été porté à la connaissance des députés.

Après le scandale Bygmalion, une nouvelle affaire financière secoue l'UMP. Le président du groupe parlementaire UMP, Christian Jacob, a en effet confirmé samedi une information de Mediapart (article réservé aux abonnés): le groupe a bien prêté à son parti, en 2012, trois millions d'euros, tirés de sa dotation à l'Assemblée nationale.

Le député a expliqué:

"Au lendemain des élections législatives, en attendant la dotation de l'Etat, le parti avait un trou de trésorerie et comme les finances du groupe le permettaient, on a fait un prêt de trois millions d'euros au parti, avec une convention, un échéancier, un taux d'intérêt".

Les autres députés UMP pas informés

L'homme politique, proche de Jean-François Copé, a aussi confirmé ne pas avoir informé les autres députés UMP de l'existence de ce prêt:

"J'ai pris mes responsabilités de président de groupe", s'est-il justifié.

Le prêt est toutefois, selon lui, "complètement" légal:

"On n'est pas sur un don, on est sur un prêt, je ne vois pas ce qu'il y a d'illégal là-dedans", a-t-il expliqué. 

540.000 euros remboursés

Christian Jacob a précisé qu'environ 540.000 euros ont déjà été remboursés par l'UMP au groupe et que, "lors du refinancement de l'UMP à l'automne 2013", le prêt, à échéance de 2017, a été annexé à un "pool bancaire" (un prêt groupé de plusieurs banques).

"Cela a fait l'objet d'une convention qui est connue du pool bancaire, du trésorier de l'UMP de l'époque Catherine Vautrin, du président (Jean-François Copé)", a-t-il indiqué.

Des explications mardi

Le député Lionel Tardy, filloniste, a réagi sur BFMTV:

"Cet argent, il est fait pour animer le groupe UMP à l'Assemblée nationale et pas pour autre chose (...) Il faut qu'il y ait une règle étanche entre le groupe UMP et l'UMP elle même".

"Personne n'était au courant de ce prêt, donc on demandera des explications mardi lors de la réunion du groupe à l'Assemblée nationale", a-t-il ajouté.

Une modification du statut des groupes parlementaires en vue

De son côté, le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, a promis samedi une modification prochaine du statut des groupes parlementaires, permettant de mieux contrôler la manière dont ils utilisent leurs fonds. Sur son blog, il écrivait samedi:

"La mise en cause par la presse de l'utilisation des fonds de certains groupes politiques (...) conduit à revoir le statut des groupes pour permettre l'exercice d'un contrôle sur l'utilisation qu'ils font des dotations qui leur sont versées".

L'Assemblée nationale apporte une contribution au financement des groupes politiques "pour leur permettre d'exercer leur mission constitutionnelle", rappelle en effet Claude Bartolone. Toutefois, elle ne surveille pas la manière dont ils utilisent ces fonds, seuls les groupes constitués sous forme d'association étant soumis au contrôle annuel d'un commissaire aux comptes.

"Souci de moralisation"

La réglementation actuelle devra donc être modifiée "dans un souci de moralisation et de transparence", poursuit-il, indiquant avoir demandé aux personnes en charge des services financiers et administratifs de l'Assemblée de formuler des propositions pour la prochaine session. Il promet:

"Les conclusions des questeurs seront rapidement soumises au bureau de l'Assemblée nationale qui devra prendre des décisions applicables au budget 2015".