Hollande met 50 millions d'euros sur la table pour que la "France s'engage"

Par Tiphaine Honoré  |   |  942  mots
"Ce que nous voulons faire, c'est fédérer, mobiliser, démontrer la vitalité d'un pays comme le nôtre", a déclaré le chef de l'Etat devant un parterre de responsables associatifs et acteurs de l'économie sociale et solidaire, réunis à l'Elysée. /Reuters
Le président de la République a inventé un nouveau dispositif, baptisé "La France s'engage" pour développer les initiatives d'économie sociale et solidaire. Ce fonds d'expérimentation sera doté de 50 millions d'euros pour une période allant jusqu'à 2017. Il soutiendra des projets "isolés mais prometteurs" portés par des bénévoles.

Au tour du milieu associatif d'avoir sa "boîte à outils". François Hollande veut donner plus de moyens aux bénévoles portant un projet "innovant, utile et qui puisse être généralisé", a-t-il expliqué ce matin sur France Info

Quinze associations déjà choisies

Cet appel à projets un peu particulier veut mettre en lumière et soutenir financièrement des initiatives sociales, souvent isolées. Une enveloppe de 50 millions d'euros y sera consacrée jusqu'à 2017. Présentés sur un site Internet, quinze projets ont déjà été retenus.

"Ce que nous voulons faire, c'est fédérer, mobiliser, démontrer la vitalité d'un pays comme le nôtre", a déclaré le chef de l'Etat. Alors que l'engagement associatif a été désigné "grande cause nationale" de 2014, ce "grand chantier présidentiel" vise à identifier et soutenir des initiatives "socialement innovantes" afin de leur permettre de se développer et "changer d'échelle", a expliqué M. Hollande. Il s'agit de "faciliter la vie de ces initiatives", par exemple en "sécurisant leur environnement juridique". L'Elysée présente les 15 premières associations bénéficiaires :

- La Cohabitation intergénérationnelle. Ce réseau CoSI pour "Cohabitation Solidaire Intergénérationnelle" propose une chambre dans le domicile d'un senior contre une présence et une aide dans les tâches quotidiennes. L'Elysée explique : "L'objectif est l'extension du réseau CoSI à l'ensemble des agglomérations disposant d'une université et le développement des habitats intergénérationnels y compris dans des villes plus petites et des milieux ruraux où des besoins ciblés peuvent exister aussi". 

- Monalisa.  C'est «la Mobilisation nationale contre l'isolement des personnes âgées. Le défi est de mobiliser le bénévolat d'initiative citoyenne pour renforcer l'entourage de ces personnes souffrant de solitude».

 - L'Institut du Service civique. "Destiné à offrir aux jeunes talents du Service Civique tous les outils pour réaliser leurs projets. L'objectif est de faire de l'institut le laboratoire d'une nouvelle conception de la promotion et de l'égalité des chances républicaine et d'atteindre 1000 lauréats en 2017".

- Energie Jeunes. Une association qui "lutte contre le décrochage scolaire en ZEP en formant les collégiens à la persévérance scolaire, tout au long de leur parcours de la 6e à la 3e. L'objectif est de permettre le développement de ce programme dans tous les collèges de l'éducation prioritaire en France qui sont demandeurs".

- Le Labo des Histoires. Ses bénévoles ont pour mission de "transmettre la passion de l'écrit aux jeunes, de façon créative et ludique, en créant des lieux originaux d'échanges et d'apprentissage pour les romanciers, scénaristes, paroliers en herbe".

- Simplon.co forme au développement d'applications web et mobiles en six mois. " Elle est ouverte gratuitement ou de manière rémunérée/indemnisée aux publics éloignés de l'entrepreneuriat numérique mais ayant un objectif d'innovation sociale et de création d'emploi".

- Cuisine et Boulangerie Mode d'emploi(s). Proposé par le chef Thierry Marx, le concept offre gratuitement des formations courtes de 12 semaines aux jeunes sans diplôme ou en reconversion.

- Web@cademie. Cette école pour les 18-25 ans passionnés d'informatique mais sortis du système scolaire sans qualification doit "se démultiplier dans les régions".

 - La cravate solidaire. Cette association "lutte contre les discriminations liées à l'apparence en entretien d'embauche en donnant aux demandeurs d'emplois, femmes et hommes, des tenues professionnelles gratuites et en leur procurant un conseil en image".

- L'appui. Un dispositif de prévention de l'exclusion bancaire mis sur pied par La Banque Postale. L'objectif est d'"éviter l'exclusion bancaire en améliorant la prévention des situations de fragilité financière et en accompagnant les clients de La Banque Postale rencontrant des difficultés financières ponctuelles ou récurrentes".

- Les Microfranchises solidaires. L'association l'Adie veut "proposer à des micro-entrepreneurs, à des personnes éloignées du marché de l'emploi, avec peu ou pas de qualification professionnelle, des activités "clé en main" à l'image d'une franchise privée associant une enseigne, un modèle économique rentable, un savoir-faire éprouvé et duplicable et une assistance et une formation de la part du franchiseur".

- Tous chercheurs. Cette Ecole de la recherche consiste à "permettre à tous, dès le plus jeune âge, de se former par la recherche et de contribuer à une société de la connaissance et de la reconnaissance ouverte et créative".

- Helloasso. Cette plateforme permet de collecter des fonds pour accompagner les associations dans leur développement numérique.

- ADN. L'Agence du don en nature "collecte des produits neufs non alimentaires invendus auprès des entreprises et les redistribue aux plus démunis en France. Son credo : moins de gaspillage, plus de partage".

- Jaccede. Ce site Internet et son application smartphone collaboratifs recueillent de données précises sur l'accessibilité aux personnes handicapées de tous les lieux publics. 

Un financement public/privé

Les 50 millions d'euros mobilisés dans un fonds de soutien sur la période 2014-2017 pour accompagner le déploiement des projets, sont apportés par l'Etat (à hauteur de 25 millions d'euros) et par le groupe Total notamment.

François Hollande a par ailleurs réaffirmé son objectif de voir le service civique accueillir "100.000 jeunes" d'ici la fin de son quinquennat, comparé aux 35.000 volontaires attendus en 2014. "Il y a aujourd'hui 4 ou 5 fois plus de candidats que de postes disponibles", a-t-il souligné.

Créé en 2010, le service civique permet à des jeunes de 16 à 25 ans d'effectuer une mission d'intérêt général sur 6 à 12 mois, indemnisée environ 570 euros nets par mois.