Grand Paris, CDG Express : derniers espoirs pour relancer l'attractivité française

Par Sylvain Rolland  |   |  975  mots
Après vingt-huit ans d'attente, les travaux pour construire la ligne ferroviaire reliant la gare de l'Est à l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle débuteront en 2017, pour une mise en service en 2023.
Le réseau de transport du Grand Paris et le train Express reliant Paris Centre à l'Aéroport de Roissy Charles de Gaulle sont sur de bons rails. Et Jean-Paul Huchon (Ile-de-France), Augustin de Romanet (Aéroports de Paris) et Bruno Cavagné (FNTP) s'en réjouissent...

Après deux décennies de retards à l'allumage, le Grand Paris et ses grands projets d'infrastructures semblent enfin sur de bons rails. Malgré quelques incertitudes concernant le financement, le nouveau réseau de transports devrait être opérationnel à l'horizon 2030, tandis que le Charles de Gaulle Express, la nouvelle liaison entre la gare de l'Est et Roissy, fonctionnera si tout va bien dès 2023. L'occasion pour Paris de renforcer son statut de métropole européenne et mondiale.

Enfin, ça bouge ! A partir de décembre, une dizaine de tunneliers creuseront le sous-sol pour réaliser la ligne 15 du métro. Ils commenceront par le tronçon qui s'étend de Pont-de-Sèvres (au sud) à Noisy-Champ (terminus est), qui devrait être mise à l'horizon 2020, avant de « boucler la boucle » par l'ouest et le nord. Le signe que le Grand Paris Express, ce grand projet d'aménagement de 26 milliards d'euros pour donner un réseau de transports digne de ce nom à la métropole, est bel et bien lancé ?

« Les grands principes sont actés noir sur blanc et validés par tous les acteurs. Il ne reste que des détails », affirme Jean-Paul Huchon. Invité jeudi 26 mai des « Matinales de Travaux publics » organisées par La Tribune et la Fédération nationale des Travaux Publics (FNTP), le président (PS) de la région Ile-de-France estime que le GPE représente une occasion à ne pas rater pour développer l'attractivité de la métropole parisienne et stimuler la croissance. Une opinion largement partagée par Augustin de Romanet, le PDG des Aéroports de Paris, et Bruno Cavagné, le président de la FNTP, également présents pour cette matinée de débats.

Incertitudes sur le financement

Ainsi, le territoire francilien comptera quatre nouvelles lignes de métro d'ici à 2030, complétées par l'extension des lignes 11 et 14. Elles permettront de mieux relier la capitale à son bassin de vie, qui comprend notamment les aéroports d'Orly, de Roissy et du Bourget ou encore la zone économique, technologique et universitaire de Saclay. Soit, au total, 205 kilomètres et 72 gares desservies par un réseau totalement automatisé.

D'après Jean-Paul Huchon, la question complexe du financement serait « presque réglée ». Issu de l'accord du 26 janvier 2011 entre la Région Ile-de-France et l'Etat, amendé par l'ex-Premier ministre Jean-Marc Ayrault le 6 mars 2013, le Grand Paris Express coûtera 26 milliards d'euros, dont 70% seront pris en charge par la Région Ile-de-France, selon son président. Cet accord doit encore être inscrit dans le futur Contrat de plan Etat-région 2014-2020, qui fait actuellement l'objet de négociations tendues mais devrait aboutir d'ici à la fin de l'année. Malgré tout, des incertitudes subsistent.

« L'Etat doit nous trouver une ressource complémentaire. Cela pourrait être les recettes de la taxe de séjour, qui devrait nous rapporter 150 millions d'euros par an », explique Jean-Paul Huchon.

 Désengorger Roissy

 L'horizon semble également dégagé pour la mise en route du Charles-de-Gaulle Express. Après vingt-huit ans d'attente, les travaux pour construire la ligne ferroviaire reliant la gare de l'Est à l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle débuteront en 2017, pour une mise en service en 2023. Longtemps considéré par Jean-Paul Huchon et Bertrand Delanoë comme « un train pour les riches » réalisé au détriment des trains du quotidien, le CDGE a été illogiquement écarté du projet du Grand Paris. Qu'importe : la nouvelle liaison sera finalement portée par Aéroports de Paris (ADP), avec le concours de Réseau ferré de France (RFF). Elle vise à faciliter la vie des passagers écoeurés par l'engorgement du RER B et de l'autoroute A1, et à absorber les 20 millions de passagers supplémentaires annuels prévus à l'horizon 2030. Un enjeu considérable pour Augustin de Romaret, le PDG d'Aéroports de Paris.

« Dans un contexte de forte concurrence avec les hubs du monde entier, les Chinois ou les Sud-Américains ne doivent plus penser que transiter par Paris est un enfer. Orly et Roissy doivent être reliés le mieux possible à la capitale pour donner envie aux voyageurs de venir », plaide-t-il.

 Gagner quelques points de PIB

Autour de ces infrastructures phares se dessineront la métropole parisienne de demain. Selon Augustin de Romaret, les aéroports de Paris génèrent 30 milliards d'euros de PIB direct ou indirect, soit 1,5% du PIB national. Un chiffre qui pourrait considérablement augmenter dans les décennies à venir, grâce à l'amélioration de la desserte, à la création de zones commerciales et de bureaux autour des aéroports, ou encore en boostant l'activité des aéroports avec la création d'une quatrième piste à Roissy.

Pour la région Ile-de-France, l'objectif est de faire des gares le cœur de l'activité économique et de la sociabilité, de réduire les distances travail-logement, et de préserver les espaces naturels en concentrant l'habitat, ce que Michel Rocard appellerait « la densification raisonnée ». Face à la pénurie annoncée -1,2 million de logements pourraient manquer en 2030-, la Région ambitionne de construire 70 000 habitations par an. Un sacré défi étant donné que seuls 20 000 logements ont été mis en chantier en 2013... Les 72 nouvelles gares, zones stratégiques par excellence, pourraient par exemple construire 15 000 unités par an pendant vingt-cinq ans, selon la Société du Grand Paris.

Dans un contexte économique morose, marqué par un chômage de masse et une croissance faible (l'Insee a rabaissé sa prévision pour 2014 à 0,7%), ces promesses d'une métropole mieux organisée et plus attractive sont bonnes à prendre. Comme le souligne Bruno Cavagné, le chiffre d'affaire du secteur des travaux publics a chuté de 20% depuis 2007.

« Le robinet de la commande publique a été coupé. En 2017, 60 000 emplois seront détruits si rien ne se passe. Le Grand Paris Express représente la préservation de 12 000 emplois. Donc il faut régler les derniers blocages de financement pour faire en sorte que ces projets aboutissent vraiment ».