Emploi des jeunes : et s’il existait une formule miracle ?

Par Fabien Piliu  |   |  711  mots
Selon une étude de l’institut CSA pour Ubifrance, 92% des anciens VIE occupent un emploi un an après la fin de leur mission
En attendant qu’une nouvelle réforme de l’apprentissage permette enfin à cette filière de gagner les cœurs et ses lettres de noblesse, le volontariat international en entreprise (VIE) semble être un passeport idéal vers l’emploi. A condition que le nombre d’entreprises exportatrices progresse…

François Hollande, le président de la République et Manuel Valls, son premier ministre l'ont assuré lors de la "Grande conférence sociale" : l'apprentissage est l'une des clés pour améliorer l'accès des jeunes au marché de l'emploi. Redevenu une priorité pour le gouvernement - les crédits accordés à l'apprentissage avaient été réduits par la loi de finances 2014, au bénéfice des contrats d'avenir, 200 millions d'euros devraient être débloqués cette semaine pour redresser le nombre d'apprentis en déclin depuis 2013.

Le chômage des jeunes, l'une des priorités

Outre l'apprentissage, le gouvernement a une autre levier à sa disposition pour réduire le taux de chômage des 15-24 ans qui atteint désormais 25% de la population active : le volontariat international en entreprise (VIE) lancé en 2001 par le gouvernement Jospin et qui a déjà séduit plus de 48.000 jeunes.

Pour mémoire, ce dispositif permet aux entreprises françaises, contre des avantages financiers, de confier à un jeune, homme ou femme, jusqu'à 28 ans, une mission professionnelle à l'étranger durant une période modulable de 6 à 24 mois, renouvelable une fois dans cette limite.

Certes, le Pacte pour la croissance, la compétitivité et l'emploi a fixé à Ubifrance, l'agence de développement international des entreprises, l'objectif de développer le VIE et d'atteindre les 9.000 jeunes en poste d'ici la fin 2015. Mais pourquoi ne pas frapper plus fort ? 

Des résultats prometteurs, en hausse

En effet, selon une étude réalisée par l'institut CSA pour Ubifrance, 92% des anciens volontaires occupent un emploi un an après la fin de leur mission. Ils sont 97% à avoir occupé au moins  un poste après la fin de leur mission. " Ces taux d'insertion record sont en augmentation par rapport à l'étude d'employabilité de 2011, puisque 'seulement' 88% jeunes VIE déclaraient alors occuper un poste un an après la fin de leur mission. Et ce, malgré l'aggravation de la crise et son impact sur le marché de l'emploi. A titre de comparaison, le taux d'insertion des jeunes diplômés dans la vie active est de 81% [selon la Dares], un chiffre significativement inférieur, qui met en lumière la crédibilité du VIE auprès des entreprises ", explique Ubibrance.

Mieux, près de six jeunes sur dix ont trouvé un emploi directement à l'issue de leur expérience à l'étranger, contre cinq sur dix en 2011, et huit sur dix dans les quatre mois. Autre point positif, 78% des jeunes volontaires décrochent un CDI à l'issue de leur expérience.

Des pré-embauches pour les entreprises

" Au-delà de ces chiffres, il est intéressant de noter que le VIE s'affirme de plus en plus pour les entreprises comme une étape de pré-embauche. Ainsi, près de 7 jeunes sur 10 (68%) se sont vu proposer un poste par l'entreprise qui les a recrutés, contre 59% en 2011 ", détaille l'étude.

Comme le résume, Michel Lodolo, le directeur du VIE :

« cette étude 2014 sur l'employabilité des VIE dépasse nos espérances. Non seulement, la formule prouve toute sa pertinence pour l'insertion des jeunes sur le marché du travail mais également comme accélérateur de carrière. Si on compare les chiffres à ceux de 2011, tous les compteurs sont au vert mais en plus en augmentation ! Il faut noter que le V.I.E n'est plus uniquement considéré comme un moyen de bénéficier d'une expérience à l'étranger. 22% des jeunes indiquent s'être tourné vers cette formule pour ' trouver un emploi ', un taux en hausse de 5 points par rapport à 2011. Ça n'est pas anodin et cela prouve que le VIE joue pleinement son rôle comme un des leviers dans la lutte contre le chômage des jeunes ».

Les effets attendus de la diplomatie économique

Il ne reste plus qu'à trouver des entreprises ayant décidé de développer une stratégie à l'export. Or, pour l'instant, c'est sur ce point que le bât blesse et que la solution offerte par le VIE trouve ses limites. Sur les trois millions d'entreprises recensées en France, moins de 121.000 ont une activité à l'export en 2013 selon les Douanes. Il faut maintenant souhaiter que la diplomatie économique mise en place et dirigée par Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères, produise ses effets.