Selon Le Drian, Hollande "sera en situation d'être candidat" en 2017

Par latribune.fr  |   |  1447  mots
Le ministre de la Défense dans un entretien au "Monde", défend "la détermination" de François Hollande à deux jours de l'intervention télévisée du chef de l'Etat pour le 14 juillet. François Hollande prépare aussi un conseil européen important pour la relance économique, jeudi 16 juillet.

Attaqué par Arnaud Montebourg qui a désigné jeudi "le conformisme" comme "le principal adversaire" de la relance de l'économie dans un discours offensif par lequel il critique implicitement la politique de rigueur menée par le chef de l'Etat  et détourne son fameux "notre principal adversaire, c'est le monde de la finance"  du discours du Bourget en 2012, François Hollande a été soutenu samedi par le ministre de la Défense, un de ses proches qui avait renoncé lors du dernier remaniement au poste de Premier ministre pour laisser la place à Manuel Valls.

François Hollande "sera en situation d'être candidat" à l'élection présidentielle de 2017, estime dans un entretien au Monde daté de dimanche-lundi le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. "La détermination de François Hollande et tous les risques qu'il prend pour sortir le pays de la crise économique, pour rétablir les finances publiques et le dialogue social et dépasser les corportatismes paieront. Oui, il sera en situation d'être candidat" en 2017, assure-t-il, alors que certains, y compris au PS, se demandent si le président de la République sera en mesure de briguer un nouveau mandat.

M. Hollande a conditionné son éventuelle candidature en 2017 à la baisse du chômage. M. Le Drian, qui avait plaidé pour la nomination de Manuel Valls à Matignon, juge le successeur de Jean-Marc Ayrault "à la fois décideur et fonceur", "les deux vertus qu'on attend d'un Premier ministre".

"Il permet ainsi à François Hollande de renforcer sa présidentialité et de se concentrer sur les objectifs de rassemblement des Français", ajoute le ministre de la Défense, "totalement solidaire de l'action" de Manuel Valls, "sur la forme et sur le fond". "La majorité doit exister et ne peut pas être une majorité godillot, il peut y avoir des débats mais quand une décision est prise, la discipline s'impose".

S'agissant de la loi de programmation militaire 2014-2019, M. Le Drian réaffirme sa "sanctuarisation". "J'ai fait savoir au président que, s'il n'y avait pas de sanctuarisation budgétaire, alors on était dans un autre modèle. Le président a décidé de faire respecter la loi, il l'a dit à Creil lors de ses voeux aux armées en janvier et l'a répété en conseil de défense le 2 juin. A partir du moment où le chef des armées fixe la trajectoire, celle-ci s'impose", souligne-t-il.

Préparation du Conseil européen

François Hollande s'est entretenu samedi avec sept Premiers ministres socio-démocrates européens en vue du Conseil européen du 16 juillet, qui doit désigner le nouveau président du conseil de l'UE et renouveler les instances européennes, a indiqué l'Elysée.

Lors de cet entretien téléphonique, auquel a participé le chef du Conseil italien Matteo Renzi, M. Hollande et ses partenaires ont souhaité que, lors de ce conseil, "le choix des personnes prenne en compte la présence de sociaux-démocrates sur les enjeux essentiels", a indiqué l'entourage de M. Hollande.

Ils sont aussi "convenus de continuer à porter la prioritié pour la croissance et l'emploi sur la base des avancées déjà obtenues", selon la même source.

Prenant acte de la victoire du PPE (Parti populaire européen) aux élections du 25 mai, les sociaux-démocrates européens avaient soutenu lors d'un précédent conseil à Bruxelles, le 27 juin, la candidature du conservateur Jean-Claude Juncker pour succéder à José-Manuel Barroso à la tête de la commission européenne. ILs veulent aujourd'hui un équilibre dans les prochaines nominations.

Le sommet du 16 juillet doit désigner le successeur d'Herman Van Rompuy à la tête du Conseil de l'UE, chargé de préparer et de conduire les travaux des dirigeants européens, et le chef de la diplomatie européenne. L'un des deux postes doit être confié à une femme. Le reste de la Commission devrait également être constitué.

Un 14 juillet pour se relancer

En léger regain de popularité, François Hollande revient sur le devant de la scène médiatique lundi pour sa troisième interview du 14 juillet, sur fond de première bronca sociale du quinquennat, de chômage endémique et de fronde dans la majorité.

Depuis le salon des Portraits, lieu des déjeuners ou dîners restreints à l'Elysée, le chef de l'Etat répondra, à partir de 13h15 en direct sur TF1 et France 2, aux questions de Gilles Bouleau et David Pujadas. Avec cette interview, prévue pour durer une demi-heure, M. Hollande rompt avec la diète médiatique qu'il observait depuis plus de deux mois, même si dernièrement, il a multiplié les rencontres en petit comité avec des journalistes. Après sa troisième grande conférence de presse semestrielle, le 14 janvier, sa dernière intervention dans les médias remonte au 6 mai, sur RMC et BFMTV.

Comme il est de coutume, et plus encore en cette année de commémoration des deux Premières guerres mondiales, M. Hollande rappellera le sens de la fête nationale en évoquant les valeurs de nation et de rassemblement, a indiqué son entourage.

Auparavant, le défilé militaire sur les Champs-Elysées prendra une dimension inédite avec la participation de près de 80 nations qui furent impliquées d'une manière ou d'une autre dans la Première guerre mondiale.

Sur le plan politique, le chef de l'Etat s'attachera surtout à expliquer et tracer les perspectives de la ligne réformiste qu'il entend incarner depuis le lancement de son "pacte de responsabilité" il y a tout juste six mois. Selon ses proches, "il souhaite retracer le fil du quinquennat, donner un sens aux réformes engagées", mettre en avant leur traduction concrète pour la vie des Français dès 2015.

Son entourage assure qu'il ne devrait pas faire d'annonces. Mais son interview intervient au moment où le gouvernement étudie sérieusement la possibilité d'une baisse d'impôt élargie en 2015 pour les ménages modestes. Il devrait être amené à commenter les remèdes prescrits cette semaine par le ministre de l'Economie Arnaud Montebourg pour "redresser" la France. Notamment l'idée d'un partage en trois tiers des 50 milliards d'euros d'économies, dont un tiers en baisse d'impôts pour les ménages, soit 15 milliards (alors que le plan actuel n'en prévoit que 5 milliards). Et d'une remise en cause des professions réglementées.

Stratégiquement, ce 14 juillet offre l'occasion au chef de l'Etat de revenir sur le devant de la scène, alors que son Premier ministre Manuel Valls qui vient de fêter ses 100 jours à Matignon, occupe largement le terrain, assumant pleinement son rôle de bouclier du président, en contraste avec son prédécesseur Jean-Marc Ayrault.

Bon tandem avec Manuel Valls

Même s'il se défend de toute rivalité avec le président de la République, le chef du gouvernement n'en devance pas moins de 20 points dans les sondages M. Hollande, toujours encalminé à moins de 25% de popularité malgré une récente -légère- éclaircie.

M. Hollande se félicite, lui, de ce nouveau tandem exécutif. "Manuel Valls correspond exactement aux objectifs que j'avais fixés: cohérence dans l'action, fluidité des relations avec l'Elysée, dialogue et autorité", affirmait-il récemment à des visiteurs.

Grève des cheminots de la SNCF, des marins de la SNCM, mouvement des intermittents, boycott par une partie des syndicats de la Conférence sociale, la bronca sociale de ces dernières semaines à laquelle l'exécutif a répondu par la fermeté quitte à écorner le dialogue social cher à François Hollande, devrait être au menu de l'interview. De même que la révolte des députés socialistes "frondeurs" contre la politique de l'offre désormais assumée par le gouvernement pour relancer l'économie.

Ce qui vaut pour les partenaires sociaux vaut aussi pour les frondeurs: "si on ne met pas en avant ce qu'on a obtenu, la base n'est pas satisfaite", affirmait récemment un proche.

L'emploi devrait aussi être au coeur de l'intervention présidentielle, alors que M. Hollande a conditionné une éventuelle nouvelle candidature en 2017 à la baisse du chômage. Tandis que le nombre de demandeurs d'emploi culmine toujours au-dessus de 3,3 millions, dont 2 millions depuis plus d'un an, M. Hollande a décrété, le 7 juillet, "cause nationale" la lutte contre le chômage de longue durée en ouvrant la conférence sociale.

Sur le plan international, le chef de l'Etat devrait aborder les crises en cours (Ukraine, Syrie, conflit israélo-palestinien) mais aussi faire le point sur l'engagement des troupes françaises en Afrique et la lutte contre le terrorisme.